Décès d’Ibrahim Boubacar Keïta : le Mali pleure son ex-chef d’Etat

Depuis l’annonce, dimanche dernier, du décès d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), acteurs politiques, parents, anonymes, amis, etc. s’inclinent devant la mémoire de l’ancien chef d’Etat malien, renversé le 20 août 2020.

Son accession à la magistrature suprême avait suscité beaucoup d’espoir au moment de son élection en 2013, ce qui lui avait valu un 2e mandat très tumultueux. Espoir placé en lui avait finalement été déçu. Le pouvoir qui l’a renversé, a salué sa mémoire, dans un communiqué et a dépêché lundi, une délégation dans la famille du défunt.

Seidik Abba, écrivain, spécialiste des sujets relatifs au Sahel, analyse l’impact de la disparition d’IBK dans la sphère politique malienne au moment où le gouvernement de transition vient de faire une démonstration de force contre les sanctions de la Cédéao.

 

Quel impact le décès d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) peut-il avoir sur la vie politique au Mali, dans le contexte actuel d’effervescence contre les sanctions de la Cédéao ?
La mort de Ibrahim Boubakar Keïta est un événement dans la vie politique malienne, non seulement parce qu’il a présidé aux destinées du pays pendant sept années consécutives, mais aussi parce qu’il a été le candidat du principal parti, le Rassemblement du peuple malien (RPM). Il connaît la plupart des acteurs politiques du Mali. Ces derniers ont été, soit ses ministres, soit ses conseillers, soit ses collaborateurs. Ils ne peuvent ne pas voir en sa mort, un événement important.

Les hommages qui lui sont rendus en ce moment prouvent la place qu’il a occupée dans la vie politique malienne. Depuis son éviction en août 2020, il s’est retiré de la vie politique, affaibli par la maladie. Toutefois, il a continué de prodiguer des conseils à sa famille politique. Au niveau de la capacité des membres de son parti à se mettre d’accord pour désigner un candidat à la prochaine présidentielle, sa présence aurait été nécessaire.  Il aurait pu aussi aider plusieurs partis à se regrouper et avoir un candidat unique.

De ce point de vue, la mort d’IBK va avoir un impact sur la vie politique au Mali. Cette perte peut même avoir une incidence dans la sous-région. IBK entretenait des relations d’estime réciproque avec l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Sénégalais Macky Sall, le Bukinabé Roch Marc Kaboré, l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou. Il aurait pu aider à ce que le Mali qu’il a toujours aimé trouve un compromis avec la Cédéao.   

Cette disparition est-elle un brûlot ou un embarras pour la junte ?
Cette disparition arrive à un mauvais moment pour la junte. Elle va retenir l’attention de la plupart des Maliens.  Au moment où la junte a réussi, vendredi dernier, une démonstration de force et qu’elle était en train de capitaliser sur cette adhésion populaire contre la Cédéao, la mort d’IBK vient mal à propos.

Il serait indécent de continuer de mobiliser les populations contre la Cédéao alors que l’ex-président vient de quitter ce monde. Il y a un temps de deuil que le Mali va observer. Pour les autorités au pouvoir, cette pause funéraire peut gêner leur stratégie. Bien qu’elles aient renversé le défunt président en août 2020, la décence voudrait qu’elles fassent le deuil.

Et le peuple, comment pleure-t-il son ex président ?
En Afrique, il y a une tradition de pardon. Quelles que soient les turpitudes d’un homme, lorsqu’il décède, on ne retient que ses bonnes œuvres. Dans le cas d’IBK, c’était déjà le verre à moitié plein ou à moitié vide. Avec sa mort, beaucoup de gens vont préférer remonter en mémoire ses bonnes œuvres. Le peuple va retenir le verre à moitié plein et va le pleurer pour ce qu’il a fait pour le Mali. Il faut se souvenir qu’en 2013, IBK a été élu avec 77% de suffrage. Il incarnait donc pour le Mali, l’espérance. C’était l’homme qui voulait restaurer l’honneur et la dignité du...

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