« Les acteurs doivent saisir les opportunités commerciales »

Marie Joseph Medzeme Engama, Epse Meke Soung, directrice des programmes Plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale.

Le manioc est l'une des filières sur lesquelles l’Afrique mise pour le développement de la Zone de libre-échange continentale. Quel est le potentiel de cette filière au Cameroun ? 
La chaîne de valeur manioc joue un rôle crucial au Cameroun et en Afrique centrale pour la génération de revenus, la sécurité alimentaire et la création d’emplois en milieu rural, mais il s’est révélé difficile jusqu’ici d’en exploiter tout le potentiel économique. Vu la conjoncture économique actuelle en Afrique centrale, la transformation industrielle du manioc (amidon et farine de haute qualité) – un secteur recelant aux yeux de beaucoup un énorme potentiel pour l’agro-industrie locale, dont les boulangeries, qui pourraient réduire leurs importations de farine de blé – n’est pas encore viable sur le plan économique et financier. De plus, la demande industrielle actuelle reste très limitée dans l’ensemble par rapport à la demande totale de produits traditionnels à base de manioc (bâtons, chikwangues, chips, farine, etc.) de la part des ménages urbains. Sous l’effet de la croissance démographique urbaine et de l’essor des classes moyennes, le manioc est un aliment de base d’une importance stratégique, qui peut non seulement contribuer à la réalisation des objectifs de sécurité alimentaire, mais aussi être à la base de modèles économiques novateurs et durables, en particulier pour les femmes et les jeunes. Pour des millions de petits producteurs agricoles du Cameroun et d’Afrique centrale, l’accès aux marchés urbains passe par le secteur naissant de la transformation des produits agricoles, en particulier pour les aliments de base tels que le manioc. Au Cameroun, plusieurs acteurs interviennent dans les différentes chaînes de valeur du manioc. Mais environ 90 % des exploitants de la filière sont des femmes rurales qui s’occupent de la production et la transformation.

Comment peut-on concrètement optimiser la chaîne de valeurs du manioc au Cameroun? 
Pour optimiser la chaine de valeur manioc au Cameroun, il faudrait s’appuyer sur cinq leviers : la structuration des acteurs de la chaîne de valeurs en coopératives, en petites et moyennes entreprises agricoles et en réseaux ; le renforcement des capacités et compétences techniques, entrepreneuriales et économiques des acteurs ; le développement de la production de la matière première en quantité et en qualité pour qu’elle soit disponible de manière permanente. Pour cela, il faudrait mettre à la disposition des producteurs, les semences de qualité améliorées et résistantes aux changements climatiques ; faciliter l’accès à la terre sécurisée aux agriculteurs, notamment aux femmes et aux jeunes. L’accompagnement des producteurs par les chercheurs pour lutter contre les maladies et les ravageurs, l’acquisition de matériels/équipements de production, de transformation, étiquetage, emballage packaging, de conditionnement et la logistique de transport ; mais aussi l’amélioration  et la facilitation de l’accès de produits à base de manioc de qualité et à valeur ajoutée aux principaux marchés rémunérateurs du Cameroun, de la sous-région, de l’Afrique et les marchés internationaux, de par le biais de partenariats commerciaux doivent également entrer en jeu sont également des pistes. Il s’agit  d’accompagner les acteurs à saisir les opportunités commerciales et de négocier les meilleures conditions pour l'achat et la vente de leurs produits; promouvoir l’utilisation des outils numériques et des nouvelles technologies de l’information et de la communication. 

Vous avez accompagné des producteurs de manioc pour la transformation notamment. Comment peut-on évaluer l'état des lieux d...

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