« Nous mettons l’accent sur le riz pluvial »

Gabriel Mbaïrobe, ministre de l’Agriculture et du Développement rural.

M. le ministre, il y a quelques jours, vous avez reçu une délégation ivoirienne, venue partager son expérience avec le Cameroun en matière de développement de la riziculture. Que retenir de ces échanges ? 
Ces échanges nous ont permis de partager des expériences. Le riz, le maïs et le sorgho contribuent à presque 70% à la sécurité alimentaire de nos populations. Donc la problématique du riz est partagée par beaucoup de pays africains. La Côte d’Ivoire qui a fait des efforts dans ce sens, même si elle continue à importer du riz, avait des expériences à partager avec nous. Nous avons saisi cette opportunité pour passer en revue leurs succès et ils nous ont aussi partagé les erreurs à ne pas commettre.  En termes d’erreurs, le Cameroun a passé beaucoup d’années sans investir sur la production du riz. Après les émeutes de la faim de 2008 où les produits de grande consommation ont été détaxés, ces dispositions fiscales n’ont pas été accompagnées par le financement de la production. Les véritables actions en faveur de la production ont commencé dans les années 2014-2015 et ce qui a été fait en trois ou quatre ans n’est pas suffisant pour renverser la tendance. 
Depuis de nombreuses années, le Cameroun ambitionne de produire suffisamment de riz pour ne plus importer ce dont les populations ont besoin. Pourquoi la volonté politique n’est-elle pas suivie de la « révolution » attendue? 
Il y a trois acteurs dans la production du riz au Cameroun : la Semry à Yagoua, l’UNVDA dans les plaines de Mbo basée à Ndop et les petits exploitants qui font du riz pluvial. Le riz peut être cultivé dans toutes nos cinq zones agro-écologiques du pays. Depuis la mise en place du plan d’urgence d’accélération de la croissance par le chef de l’Etat, il a été envisagé d’aménager 120.000 hectares de périmètre hydroagricoles et pratiquement 60% de ces périmètres devraient être consacrés à la production du riz. C’est pour cela que des projets tels que Viva Benoué dans la Benoué permettront de mettre à disposition 11.000 hectares; le projet Viva Logone à Maga et à Yagoua, le Plan d’urgence triennal qui devra aménager des périmètres dans le Logone et Chari à Zina pour 7000 hectares et à Kousseri, Makari et Goufei pour 2500 hectares. Il y a un opérateur privé indien qui devrait aménager 10.000 hectares dans le Logone-Birni. A l’arrivée, tous ces projets devraient permettre au Cameroun de disposer d’au moins 60.000 hectares de périmètres irrigués et produire environ 400.000 tonnes de riz blanchi. Aujourd’hui, le besoin est estimé entre 450.000 et 500.000 tonnes, mais pourrait se retrouver autour de 650.000 tonnes à l’horizon 2025 et peut-être 700.000 tonnes à l’horizon 2030. Donc il est important que ces projets soient réalisés pour permettre de booster la production du riz. Certains de ces projets sont en cours. Pour d’autres, les négociations seront conclues très bientôt. Le chef de l’Etat a instruit d’y mettre un accent particulier, en attendant que ces projets soient livrés, sur le riz pluvial. 
M. le ministre, lorsque vous parlez d’accroître les surfaces cultivables pour les petits producteurs spécialisés dans le riz pluvial, comment cela va-t-il se passer, quand on sait que l’accès à la terre reste un problème crucial pour l’agriculture en général ? 
L’avantage des surfaces pour le riz pluvial, c’est que ce sont des zones inondables et donc qui n’intéressent pratiquement personne. De plus, nous avons un potentiel réel pour produire le riz pluvial dans certaines régions de notre pays. Que ce soit dans l’Extrême-Nord (Mayo Danay, Logone et Chari), dans le Centre (Haute-Sanaga, Lékié), ou bien dans le Littoral et le Sud-Ouest. Maintenant, il faudrait des semences de qualité et des engrais pour pouvoir produire en grande quantité. 
Où ces producteurs vont-ils trouver les intrants ?&nb...

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