Trois questions à « Le métier de journaliste a profondément changé »

Jérôme Bouvier, président de l’association Journalisme et Citoyenneté, organisatrice des Assises internationales du journalisme de Tunis.

Pour les deuxièmes assises internationales du journalisme de Tunis, le thème retenu est l’urgence du journalisme. Qu’y a-t-il d’urgent dans le métier aujourd’hui ?
Ce choix s’est imposé à nous. Face aux vents contraires qui soufflent fort en ce moment sur les libertés, il fallait affirmer et clamer pendant ces trois jours l’urgence du journalisme. Nous sommes plus de 700 journalistes rassemblés venus de 32 pays de la rive sud de la Méditerranée, du continent africain. Malgré nos différences culturelles, religieuses et économiques, on a en commun deux choses. D’une part, le journalisme parce que le métier est le même partout et que ses difficultés sont également les mêmes. Surtout qu’il y a trop de menaces qui pèsent aujourd’hui sur la liberté d’expression et sur le journalisme. Il n’y a donc pas d’avenir commun possible sans journalisme. Mais si le journalisme n’arrive pas à exister, on ne va pas y arriver. Il faut donc clamer cette urgence du journalisme. Aussi l’urgence de représenter les femmes à part égale dans le journalisme, tant dans les rédactions que dans le traitement de l’information ; l’urgence de la sécurité des journalistes parce que trop de journalistes vivent sous la menace ou sont pris en otage. Il y a donc trop de menaces qui pèsent pour qu’on ne clame pas cette urgence du journalisme et qu’on essaie de créer un réseau de solidarité internationale informel de professionnels qui disent stop pour défendre ce métier utile à la société.

Des éléments comme la sécurité du journaliste, la prise en compte du genre, ainsi que l’éthique et la déontologie professionnelles ont-ils une influence sur les fondamentaux du métier ?
Il y a des remises en cause nécessaires. En tout cas, je trouve très enrichissant d’avoir toutes les initiatives prises dans plusieurs pays par les consœurs et confrères pour changer l’image, le respect du travail des femmes dans les rédactions, mais aussi la manière avec laquelle on traite l’actualité liée aux femmes dans la société. Il y a des pays où cela est aussi plus difficile que d’autres mais, il y a une prise en compte nécessaire de cela. J’étais très content de constater que sur les 150 intervenants entendus pendant trois jours, il y avait une majorité de femmes. Il y a une mobilisation sur ces questions qui permet de faire bouger les choses. Mais, il y a un autre point essentiel. C’est que si on ne peut pas vivre de son métier, on ne peut pas faire du journalisme correctement. Or, trop de consœurs et confrères ne peuvent pas bien vivre de leur métier ou n’en vivent pas du tout. C’est donc la porte ouverte à de mauvaises solutions. Comme se mettre dans la dépendance de pouvoirs politiques ou économiques, ou de la communication. Il ne suffit pas seulement de former des journalistes. Il faut aussi qu’ils puissent en vivre.

Au regard des évolutions rapides du monde, que faut...

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