« C’est le fruit des ambitions personnelles »

Dr. Luc Nimi Bekono, chargé de cours, enseignant de science politique à l’Université de Douala.

Malgré différents conseils de discipline, parfois assortis de sanctions, les cas d’indiscipline persistent dans certains partis politiques. Selon vous, qu’est-ce qui fait problème ?
Un parti politique n’est pas un long fleuve tranquille qui coule sous un pont. Il est de la nature d’un parti politique, en tant qu’organisation mettant en interaction plusieurs acteurs (militants), d’être à la fois dynamique et bouillante. Certes, le parti politique rassemble divers acteurs qui militent pour l’intérêt commun, mais on ne doit pas perdre de vue que chaque acteur pris individuellement nourrit aussi des attentes vis-à-vis du parti au sein duquel il milite. Il est donc évident, lorsqu’un acteur a le sentiment que ses aspirations ne sont pas satisfaites, qu’il rame parfois à contre-courant de l’idéologie et des orientations du parti. En réalité, il est difficile qu’un parti politique fonctionne totalement de façon harmonieuse et que tous ses militants se conforment servilement à l’éthique et à la déontologie de celui-ci. Les militants ont des ambitions qu’ils veulent réaliser. Il peut arriver dans la quête de celles-ci, qu’un militant se donne une liberté de ton, au mépris des textes qui régissent l’organisation et le fonctionnement de son parti. C’est dire si les ambitions personnelles des militants peuvent être explicatives de la récurrence des cas d’indiscipline dans les partis politiques, en dépit des sanctions.
Dans la gestion des cas d’indiscipline, on note tantôt une attitude ferme des instances de discipline, tantôt une option de souplesse. Pour éviter des fissures profondes, qu’elle est la meilleure méthode à adopter d’après vous ?
Un parti politique n’a pas vocation à exclure les militants. Bien au contraire, il doit travailler en permanence à mobiliser les soutiens d’un plus grand nombre de militants et sympathisants pour se garantir des victoires électorales et surtout sa pérennisation. Recourir à des sanctions fermes et extrêmes serait de nature à le fragiliser. Un militant que l’on sanctionne de façon extrême (exclusion) peut entraîner avec lui d’autres militants et sympathisants. Il n’est pas certes exclu de recourir à des sanctions fermes lorsque nécessité fait loi. Il s’agit notamment des cas où un militant, pour ses propres ambitions, entrave abusivement et en toute conscience l’intérêt commun du parti. Ceci dit, il est toujours recommandé de recourir à des mécanismes souples pour rappeler à l’ordre et recadrer ceux des militants qui ont tendance à s’écarter de la ligne idéologique et de conduite du parti au sein duquel ils militent.
Est-ce possible pour les partis politiques d’anticiper sur ce genre de situation ? 
C’est possible mais pas facile d’anticiper sur ce genre de travers. Les militants bénéficient d’une marge de liberté individuelle, et en tant que tel, échappent au contrôle des instances disciplinaires du parti. Cela est d&rsqu...

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