Présidentielle Kenyane : les grandes manœuvres

Uhuru Kenyatta s’apprête à passer le témoin après deux mandats. Les batailles pour le poste a commencé. Le président sortant a déjà choisi son candidat.

La présidentielle prévue au Kenya en août 2022 n’a rien d’ordinaire. Plusieurs indices confèrent à cette échéance un caractère particulier. Primo, le président Uhuru Kenyatta, 60 ans, le devra passer le témoin. Après deux mandats (2013-2017 ; 2017-2022), la constitution ne lui permet pas de se représenter. Secundo, les grandes manœuvres y relatives bousculent les usages et brisent les barrières politiques. D’aucuns parlent d’alliance « contre nature ». Deux principaux candidats focalisent l’attention : Raila Odinga, l’opposant historique et William Ruto, successeur naturel, mais désavoué de Uhuru Kenyatta. Ce dernier lui préfère Raila Odinga, le candidat de l’opposition ! Samedi 12 mars dernier, au cours d’un meeting à Nairobi, le président kényan a officiellement annoncé qu’il soutenait son ancien rival pour le scrutin d’août prochain. Ce soutien scelle le rapprochement de deux des grandes dynasties politiques qui se sont historiquement combattues dans les urnes.
Le mois dernier donc, leurs deux partis se sont rapprochés, le Jubilee de Kenyatta ayant annoncé rejoindre la coalition Azimio la Umoja (Quête d’unité) d’Odinga, en vue des scrutins présidentiel et législatif d’août. Cela ne s’était pas encore vu ! Ce rapprochement entre deux anciens adversaires est l’évènement politique « le plus inattendu de l’histoire du Kenya », a commenté un média.
Dans les calculs politiques, William Ruto, 55 ans, a été exclu en février dernier du Jubilee, du parti au pouvoir et est en rupture publique avec le président. Jeune et charismatique, William Ruto a mené ces dernières années un opiniâtre travail de terrain, se voulant le représentant du petit peuple, face aux dynasties politiques qu’incarnent Kenyatta et Odinga, dont les pères furent respectivement président et vice-président du Kenya. Si Raila Odinga était élu, sa présidence marquerait une rupture au niveau ethnique. Depuis l’indépendance en 1963, seuls des présidents des ethnies kikuyu – celle de Kenyatta – et kalenjin – celle de Ruto – ont en effet dirigé le Kenya. L’élection d’un Luo marquerait une rupture significative dans plus d’un demi-siècle de la vie politique locale.
Uhuru Kenyatta et Raila Odinga ont tenté en vain de réformer le régime avec un projet de révision constitutionnelle qui s’est heurté à une forte résistance. Baptisée « ...

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