Moto-taxis : l’urgence d’une reprise en main
- By Yvette Mbassi
- 20 juin 2022 13:21
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dans les années 60. Nouveau fléau des temps modernes. Ils sont utiles –on veut bien le leur concéder- parce que constituant un mode de transport rapide. De plus, ils accèdent à des zones reculées et parfois inaccessibles aux automobiles. Un exploit. Du reste le plus insignifiant, au regard des prouesses des opérateurs de ce secteur. En effet, leurs performances dans la circulation méritent largement de figurer dans le livre des records Guinness. Chacun de nous en est témoin au quotidien sur nos routes. Aussi, les motos-taxis sont-ils de plus en plus décriés, même s’ils demeurent bénéfiques comme moyen de transport. Passons sur la surcharge des personnes : quatre à huit sur le véhicule à deux roues. Ne nous attardons pas non plus sur le transport de bétail (bœufs, cochons, moutons) et autres colis volumineux (cercueils, canapés, tables, congélateurs…). Marquons un temps d’arrêt sur leurs comportements.
Méconnaissance du code de la route, mauvais dépassements, circulation à contresens, slaloms entre véhicules entraînant régulièrement un positionnement sous de gros porteurs tels que les grumiers et autres camions remorques, non-respect des feux tricolores et des distances entre les véhicules, cascades, excès de vitesse, conduite en état d’ivresse, défaut de casque, utilisation du téléphone portable pendant la conduite, agressions des passagers, du voisinage et des autres usagers de la route … Un ensemble d’agissements délinquants devenus légendaires. Certains de ces acteurs se croient peut-être dans le casting de « Fast and Furious », version moto. Sauf que là, nous sommes dans la vraie vie. Et qu’ils jouent à la roulotte russe avec celle de pères, mères de familles –disons responsables- ainsi que celle de nombreux jeunes. La leur ne compte visiblement plus à leurs yeux : on le sait depuis longtemps. Sinon comment expliquer cette prise quotidienne de risques inutiles ?
Les motos-taxis et leurs excès sont donc familiers dans le paysage de la plupart des villes et campagnes camerounaises. Nous savons tous, plus ou moins, comment on en est arrivé là. De nombreux manquements en amont sont, en effet, porteurs des germes qui ont permis aux deux roues de trouver un terrain fertile dans nos cités, y bâtissant allègrement leur nid. Apparus tout d’abord dans le grand Nord de par la proximité avec les pays d’Afrique de l’Ouest, avec lesquels la région partage la bande soudano-sahélienne, les moto-taxis se sont imposés à Douala pendant les années 90 dans un contexte socio-économique difficile. Au point de devenir le principal mode de transport, servis par les tarifs relativement bas et la desserte des zones enclavées. Face au taux de chômage sans cesse croissant dans le pays, le secteur est apparu comme une niche d’emplois avalant non seulement des jeunes actifs déscolarisés et pauvres des grandes villes. Mais aussi des diplômés de l’enseignement supérieur. En 2004, une enquête réalisée par un cabinet pour le compte de la Banque mondiale les évaluait à 22 000 dans la seule ville de Douala. Ils y étaient 50 000 et généraient 60 000 emplois directs en 2012, selon une étude du Laboratoire d’économie des transports de l’Université de Lyon 2 associé au Centre nationale de la Recherche scientifique (CNRS). Ces données sont certainement dépassées aujourd’hui, sur l’ensemble du pays. Raison de plus pour y mettre bon ordre. L’on ne saurait rester contemplatif face à l’énorme catastrophe en construction au quotidien.
Certes les dérives des moto-taxis ont amené les autorités compétentes à sorti le bâton à plusieurs reprises ; mais il faut aujourd’hui reprendre la main. Sans faiblesse. Avec courage et rigueur. Pour ce faire, point besoin de textes. Le pays est suffisamment équipé en la matière. Il suffit de revisiter les différentes mesures édictées par le gouvernement, les gouverneurs et les préfets pour réguler le secteur, avec en première ligne le décret fixant les conditions et les modalités d’exploitation des motocycles à titre onéreux. Décret signé le 31 décembre 2008 par le Premier ministre. Depuis, le président de la République, Paul Biya lui-même, ne cesse de souligner la nécessité de l’organisation de cette profession, souhaitant ainsi une meilleure implication des motos-taxis dans les projets de développement national. C’était par exemple le cas en 2014, lors de son message aux jeunes à l’occasion de la 48e édition de la Fête de la Jeunesse. Un programme collectif d’encadrement reg...
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