Ciné-club N’kah : Sidiki Bakaba en Guest-star

La première vedette africaine du cinéma et du théâtre a partagé sa longue et riche expérience durant une semaine avec les cinéphiles de Yaoundé.

Les rideaux se sont levés le weekend dernier à Yaoundé sur la saison deux du Ciné-club N’kah. Ceci avec « la plus grande figure de la culture africaine », Sidiki Bakaba, sur scène. L’ancien directeur du palais de la culture d’Abidjan n’y était pas seulement en vedette sous la casquette de metteur en scène, mais aussi pour sa longue et brillante carrière devant et derrière la caméra. 
Comment devenir un bon acteur et ou réalisateur ? Quel est son secret pour avoir une filmographie aussi impressionnante ? Comment parvient-il à gérer plusieurs plateaux au même moment … ? L’invité d’honneur de l’Association Tell And Be Africa a pris du plaisir à répondre à toutes les questions des cinéphiles, venus en masse échanger avec lui, lors de la projection de son film « Les guérisseurs » et à sa master class. Il y avait les artistes musiciens, Ottou Marcelin et Fleur Mayo ; l’une des anciennes gloires du football africain, Joseph Antoine Bell. Des collègues, à l’instar de Gérard Essomba, Bassek Ba Kobhio et des jeunes loups aux dents longues comme le réalisateur et scénariste, Steve Kamdeu. « La riche filmographie de Sidiki Bakaba m’a motivé à être là, ainsi que l’aura qui se dégageait de lui dans ses films. J’avais envie de savoir ce qui lui a permis de tenir aussi longtemps, autant devant que derrière la caméra. Et surtout, qu’est ce qui lui permet d’être à la hauteur des attentes du public et la pression du milieu de l’art », a-t-il confié. Satisfecit également pour le jeune acteur Jakin Touwolé qui a assisté à la master class de celui qui est considéré comme le « Eddy Murphy » du cinéma africain. « Avec lui, j’ai appris qu’un acteur est celui qui est discipliné. Cependant, il faut faire confiance au réalisateur et au metteur en scène. Aussi, chaque projet est une opportunité de prouver ce qu’on a appris et il faut toujours être concentré », a indiqué le jeune acteur. En marge du Ciné-club N’kah, l’homme de culture de 73 ans a accordé une interview exclusive à Cameroon Tribune

Vous avez communié avec les amateurs et professionnels de cinéma du Cameroun pendant une semaine, à l’occasion du lancement de la saison deux du Ciné-club N’kah. Que retenir de votre séjour ?
J’ai été émerveillé de savoir que « N’kah » signifie lumière.  Ça m’a rappelé Louis Lumière, qui a inventé le cinéma. J’ai pris le soin de parcourir tout ce que la promotrice du ciné-club Nkah a effectué comme travail. J’ai vu qu’il y avait des réalisateurs comme Dikongue Pipa qui étaient en vitrine avant moi. C’est un travail formidable de fond qu’elle est en train de faire. D’ailleurs, il y a un festival qui est né à Khouribga au Maroc grâce au cinéclub. Je retiens qu’il y a des gens qui aiment le cinéma au Cameroun. J’aurais par contre souhaité qu’il y ait plus de monde. Que les gens ne se disent pas seulement qu’ils ont des téléfilms. Il faut qu’ils bougent quand il y a une manifestation de ce genre. Ce sont les ciné-clubs qui forment le vrai public et les vrais cinéphiles. C’est en participant aux cinéclubs qu’ils vont comprendre que chaque film a un message.  

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de vos échanges avec les jeunes ?
C’était très émouvant de voir les tout-petits samedi dernier, tout-joyeux au ciné-club. Ils étaient si contents. C’était une fête pour eux. Et c’est ce côté festif qu’il ne faut pas perdre de vue. Ces enfants ne comprennent pas pour l’instant, mais ils ressentent des émotions et c’est le plus important. Pour leur part, les jeunes réalisateurs avaient des interventions très pertinentes et je sens que ceux-là vont devenir de très grands cinéastes. J’ai retenu de l’espoir et de la positivité. Je rentre du tournage d’une série en Côte d’Ivoire dont le scénario est écrit par un jeune camerounais. Et au Cameroun, j’ai rencontré plein de jeunes qui m’ont demandé d’apprécier leurs scénarii. On sent qu’il y a une volonté. Ma récompense, c’est de voir les jeunes que j’ai formés briller demain. 
Vous avez fait de la formation votre crédo. Qu’est-ce qui justifie ce besoin constant de transmettre vos connaissances ?
La transmission des connaissances est une tradition chez nous. Chez les « Akang », il y a une sagesse qui dit que c’est ce qu’un homme n’a pas pu dire de son vivant qui rend son cercueil lourd. Le père de mon grand-père paternel vient du Yemen, et il était considéré comme un marabout. Il y a d’ailleurs un livre sur lui qui est intitulé « Le sage de Kankan ». 

Quel est votre secret pour glisser parfaitement dans la peau des personnages à qui vous donnez vie ?
Au-delà de la technique sur le jeu d’acteur apprise çà et là, je m’investis. Si je dois incarner un personnage qui a vécu, je lui demande la permission.  Dans « Le camp de Thiaroye » de Sembene Ousmane, par exemple, j’incarnais « Pays », un personnage à qui on avait coupé la langue. Il ne disait pas un mot, mais il était le plus bavard. Je me rendais au cimetière de Dakar tous les jours pour échanger avec son esprit pendant tout le tournage. Sur le plateau de « Toussaint Louverture », j’avais fait venir un cercueil pour pouvoir me concentrer. Sans oublier que l’art est un don divin, je demande toujours au divin de me venir en aide.  Par ailleurs, je me dis que j’ai le droit de donner le meilleur à ceux qui me font confiance et me regardent. Je ne maîtrise qu’une chose : la technique. C’est pour cette raison que je travaille constamment. Mon crédo, c’est qui veut aller loin, s’entraîne.
Qu’est-ce qui vous a motivé à passer derrière la caméra ? Et pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de le faire ?
Il ne faut pas oublier que je suis metteur en scène. J’ai pu créer une dizaine de pièces sur la même scène. Et la mise en scène demande beaucoup d’imagination qu’un réalisateur. Ce dernier a d’ailleurs toute une équipe qu’il dirige. Il y a des gens qui font la lumière, la photo, le son et bien d’autres. Je ne me suis pas précipité pour passer derrière les caméras. D’ailleurs, peut-être que je ne serais pas passé derrière les caméras comme réalisateur, si le cinéma africain donnait la chance à des gens qualifiés et talentueux comme Gérard Essomba. En gros, je suis passé derrière la camér...

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