Audiovisuel : le surbooké Ebenezer Kepombia

Le professionnel de la télévision et du cinéma pense à se reposer un peu après la fin de la série « Madame… Monsieur », mais le travail n’attend pas.

Le 5 septembre dernier, la chaine A+ diffusait le dernier épisode de la saison 3 de la série très suivie par le public africain, « Madame… Monsieur ». Tellement suivie que des internautes ont pris sur eux de devenir des pirates, créant des chaînes YouTube pour diffuser sans autorisation l’œuvre sur la Toile à partir d’images enregistrées de leur téléviseur, atteignant parfois des centaines de milliers de vue pour certains. Cet exemple, bien que malheureux pour la production et les diffuseurs officiels, vient illustrer le grand succès connu par « Madame… Monsieur » depuis la saison 1 dévoilée en 2020.
Et l’une des figures de proue derrière cette réussite est un nom bien connu du paysage audiovisuel camerounais : Ebenezer Kepombia, le producteur de la série. « A la fin de Madame… Monsieur, il me vient à l’idée d’abord de me reposer. Mais j’ai la pression du public, de mes employés, de tous les techniciens avec qui je collabore  », déclare M. Kepombia quand on s’enquiert de ses projets à venir. Signe d’une personnalité surbookée, qui explique être « au début, au milieu et à la fin » de toutes ses œuvres. Un professionnel aux nombreuses casquettes que le public découvre d’abord comme acteur dans « Les Déballeurs », à travers son alias Mitoumba dans les années 2000. Mais il était déjà scénariste et sera le réalisateur de cette série.
Une carrière multiforme et bien remplie pour l’enseignant de langue allemande à la base, également titulaire d’un master en communication d’entreprise qui se poursuit depuis une vingtaine d’années. Occasion de revenir sur le parcours du turbulent adolescent de Bazou (département du Ndé, région de l’Ouest), qui a vu la télévision et le cinéma venir à lui à partir de son premier scénario écrit en classe de 5e, « Le Boy ». En réalité, c’était une punition infligée par son surveillant général et c’était pour un sketch qui devait être joué à l’esplanade de la sous-préfecture de Bazou, un 11 février.  

« Madame… Monsieur, c’est fini »
Ebenezer Kepombia, cinéaste.

La saison 3 de votre série « Madame… Monsieur » vient de s’achever. Pouvons-nous revenir sur le parcours qui vous a conduit jusque-là, en passant par « Les Déballeurs » ou encore « Foyer polygamique » ?
Commençons par la fin. « Madame… Monsieur » vient après « Ennemi intime », « La veuve », « Cercle vicieux », « La belle-mère », « La Reine mère », « Habiba », « Otage d’amour ». J’ai dû acquérir beaucoup d’expérience pour en arriver à « Madame… Monsieur ». Et toutes ces séries étaient écrites par moi. Alors je me suis dit que pour la première fois, je vais produire quelque chose que je n’ai pas écrit. Comme j’ai travaillé avec Cynthia Ngono sur « Habiba », j’ai vu qu’elle était intelligente. Entre-temps, elle m’avait présenté quelques longs métrages qu’elle a écrits. Je l’ai donc appelée pour lui demander si elle avait des projets de série. Elle a dit oui et me les a apportés. Il y avait « Indigo » et « Madame… Monsieur ». J’ai retenu ce dernier projet, je lui ai dit qu’on allait le retravailler ensemble pour que j’y mette mon âme. C’est ainsi qu’on lance « Madame… Monsieur ». Entre-temps, je m’étais entouré de jeunes vraiment talentueux. Et parmi ces jeunes il y avait Muriel Blanche. Elle a même transformé mon casting parce qu’au départ de « Madame… Monsieur », je voulais des couples âgés. Elle a insisté pour qu’on opte pour des couples jeunes afin que le public se retrouve mieux. Finalement, j’ai adopté son idée.

Qu’est-ce qui fait la particularité de cette série ?
J’ai voulu créer quelque chose de beau. Je voulais vraiment une série belle, différente de celles que j’ai eu à faire. Il fallait faire rêver les gens et pour cela, il fallait créer de beaux décors, des costumes et qu’on fasse vraiment du 7e art, c’est-à-dire l’art qui regroupe les autres arts : culinaire, vestimentaire, musical, plastique, etc. Nous avons même créé des tableaux pour améliorer le décor. On a mis tous les arts en valeur et la mayonnaise a pris jusqu’au succès qu’on connaît aujourd’hui et nous en sommes fiers. On a avancé et on est arrivés jusqu’à la fin de « Madame… Monsieur » saison 3 qui est la dernière saison. Ce projet va s’arrêter là.

S’il vous était demandé de noter ces différentes saisons de « Madame… Monsieur », laquelle vous aura le plus marqué ?
Toutes les saisons m’ont marqué. Chacune avait ses spécificités. Dans la saison 1, c’était une série, chaque épisode avait son histoire et c’était plus comique. La saison 1 était à 80% comique. Il y avait aussi du glamour, les personnages étaient bien vêtus, élégants, beaux. Mais pour la saison 2, on a changé le rythme, on est passé à un feuilleton. Nous voulions avancer et expliquer vraiment les problèmes de couple. J’ai préféré m’orienter sur le feuilleton avec une histoire qui se poursuit au fil des épisodes. Dans cette saison 2 donc, il y avait du suspense, des rebondissements. Alors, c’était plus accrocheur que la saison 1. Il s’agissait de faire vibrer les cœurs, on y a aussi mis du drame. Et on est arrivé à la saison 3 où on a ajouté l’horreur. C’est la petite touche en plus de cette dernière saison. Elle garde les mêmes éléments que la saison 2, mais on y a ajouté de l’horreur. Les gens ont eu peur avec certaines scènes.

Avant « Madame… Monsieur », vous vous êtes révélé au grand public dans la série « Les Déballeurs » sous les traits du personnage Mitoumba au milieu des années 2000. Que retenez-vous de cette expérience ?
 « Les Déballeurs », c’était le tout début. Je vais d’abord rappeler que j’ai commencé à écrire la plupart de mes scenarii de courts et longs métrages alors que j’étais à l’université. C’est le cas d’une série comme « Foyer polygamique ». Je m’en rappelle très bien, j’ai commencé son écriture un 14 février. C’était le jour de la Saint-Valentin et ma copine d’alors m’avait posé un lapin. Donc j’avais déjà un bon nombre de scenarii écrits et à l’arrivée de Canal 2 dans les années 2000, quand j’ai vu à la télé les Fingon, Tagne Condom, Man no Lap présenter des petits sketches, des téléfilms, etc., j’ai dit que voilà en réalité ce que je sais faire. À l’époque, j’avais un emploi du temps chargé. Je rentrais toujours dans la nuit et j’ai dit à un ami, Félix Fagna, plus connu sous le nom de Souka, qu’il aille regarder là où se trouve Canal 2, on pourra réaliser aussi les sketches que nous avons écrits. Il est donc allé se renseigner et m’a donné les repères. Quand l’école est finie en mai, je suis donc allé à Canal 2, j’ai demandé à voir un réalisateur, j’ai expliqué que j’ai écrit des...

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