« C’est l’un des moyens de paiement les plus sûrs »

Dr. Fabien Clive Efoua Ntonga, économiste.

L’on observe que certains détenteurs de cartes bancaires sont réticents à les utiliser comme moyen de paiement. Qu’est-ce qui peut expliquer cette attitude ?
Au moins six raisons peuvent être avancées pour expliquer la réticence à utiliser ces moyens : la préférence pour le « cash » (billets de banque), la crainte de laisser une trace de leur activité, l’impossibilité de faire des retraits de coupures d’une valeur inférieure à 5.000 F, le manque de transparence, relativement à la tarification des services liés à leur utilisation par les banques, l’effectivité desdits services et enfin, les risques de fraude.
En effet, l’impossibilité de retraits de montants non-multiples de 5 (tels que 2.000 ou 9.000 F) oblige les agents à détenir du « cash » par-devers eux. En outre, le principe de transparence quant à la tarification des services financiers est presque rejeté par les banques de la sous-région, comme le soulignent les rapports de la Conac 2012 et ceux de la Cobac de 2008 et 2011. Ce manque de transparence sur ce que coûtent réellement les « packages » de services bancaires (frais de retrait, frais de renouvellement, etc.) est un facteur de méfiance des agents vis-à-vis de l’utilisation des cartes bancaires. Enfin, là où les services liés aux DAB existent, de nombreux désagréments sont fréquemment signalés : service non permanent, distributeurs en panne, etc.

Certains usagers avancent l’argument de la cybercriminalité qui pourrait donner lieu aux manipulations de leurs données personnelles. Cette crainte est-elle justifiée ?
Selon un rapport de l’Agence nationale des technologies de l'Information et de la communication (Antic), la fraude à la carte bancaire aurait causé des pertes de plus de 37 milliards de F au Cameroun entre 2013 et 2017. En Septembre 2021, l’Antic a présenté cette pratique comme étant l’un des cybercrimes les plus courants dans notre pays. Toutefois, la carte bancaire est l’un des moyens de paiements les plus sûrs, à condition de respecter des règles de sécurité relativement faciles à appliquer. Par exemple : ne pas communiquer des informations confidentielles à un tiers (y compris en partageant les photos de sa carte ou son code via les réseaux sociaux), s'assurer que les paiements en ligne passent par un site bancaire connu et/ou que le logo de cryptage des données (symbolisé par un verrou) est présent. Par ailleurs, il faut préciser que la sécurisation des systèmes des cartes bancaires est en constante amélioration grâce aux progrès technologiques ; et qu’en cas d'usage frauduleux, le porteur de la carte a la possibilité de contacter sa banque pour faire opposition. 

Qu’est-ce qui peut être fait pour encourager les agents usagers à utiliser davantage ces cartes ?
En plus d’une réponse des autorités aux motifs de réticence...

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