« Le Qatar nous parle »

Pr Emmanuel Wonyu, enseignant titulaire de politique internationale et de relations internationales à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).

Professeur, vous êtes récemment arrivé en librairie avec votre ouvrage « Leçons d’Afrique : Réflexions sur le développement, la diplomatie sportive et le partenariat franco-africain ». Quelle en est la quintessence ?
Les textes que je donne à lire dans cet ouvrage sont une réflexion sur plusieurs sujets : le développement de l’Afrique depuis 60 ans et la nécessité de le penser vraiment, soit comme projet occidental de domination subtile via l’extraversion du continent, soit, tout simplement, comme un projet d’émancipation de l’Afrique ; la relation complexe entre l’Afrique et la France à l’heure où cette dernière est perturbée par la concurrence avec les nouveaux partenaires, au cœur de son ancien pré carré ; la diplomatie sportive et culturelle qui, selon nous, devrait être beaucoup plus prise en compte et intégrée à notre diplomatie, car il est peut-être temps de reconnaître officiellement que le sport et la culture font partie du génie du peuple camerounais, comme la rumba pour le Congo ou le thiéboudiène pour le Sénégal, tous deux récemment promus au rang de patrimoine immatériel de l’Unesco. Les nombreux lauriers sportifs et de gouvernance sportive internationale engrangés par des Camerounais depuis 1990 en témoignent. Ce sont là quelques-unes des thématiques qui font partie de mes domaines d’expertise et de recherche. 

En parcourant ce livre, l’on se rend compte qu’il s’agit d’un recueil de leçons inaugurales et de réflexions menées dans des enceintes universitaires et des conférences. Quel est l’intérêt de les rendre disponibles au public ?
L’intérêt de rendre quelques-uns de mes écrits disponibles est pluriel. D’abord je suis enseignant et on ne produit pas du savoir pour le mettre sous le tapis. Non seulement ces écrits inédits – dont certains datent de 2015 – me permettent de confirmer mes intuitions intellectuelles, en tant qu’universitaire et analyste, mais aussi de constater que des questions d’abord abordées dans des cercles fermés et académiques commencent à intéresser la société camerounaise et, singulièrement, l’espace médiatico-politique d’aujourd’hui. L’intérêt est, aussi et surtout, de contribuer à faire réfléchir nos contemporains sur les grands enjeux internationaux. Le monde étant devenu un village planétaire, où l’actualité se fait et se vit en direct, mon rôle d’internationaliste est de partager les clefs pour le lire et le comprendre.

Cet ouvrage paraît alors que le Cameroun s’apprête à participer à la Coupe du monde de football au Qatar. Quelle peut être la contribution de cette 8e participation à la diplomatie sportive de notre pays ?
Je plaide, depuis 2015 au moins, pour la prise en compte du sport comme un atout maître sur le chemin de l’émergence du Cameroun. Mon passage de cinq ans au ministère des Sports et ma position d’enseignant dans une école de relations internationales m’ont permis d’en mesurer l’importance. La diplomatie sportive est aujourd’hui un instrument fondamental pour des États comme le Rwanda ou le Qatar, pays où le Cameroun participera dans quelques jours à sa 8e Coupe du monde. De mon point de vue, le Qata...

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