« Il faut fixer des objectifs en rapport avec vos potentialités »

Joseph Antoine Bell, ancien Lion indomptable.

La Coupe du monde de football s’est jouée cette année pour la première fois dans un pays arabe. Que retenez-vous de cette édition inédite ?
Je ne suis pas surpris par tout ce qui a pu se passer. J’ai compris depuis longtemps, peut-être parce que j’ai été à trois éditions justement, que la Coupe du monde est une fête qui n’échoue jamais. C’est toujours une grande fête. La Coupe du monde dans un pays arabe, c’est vrai, c’était nouveau. Mais la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010, c’était nouveau aussi. Et ça avait été la même grande fête. Ce qu’on peut retenir, c’est que quand les hommes veulent bien faire, ils le font toujours. Les règles de la Fifa sont établies, les objectifs aussi et quand on a des objectifs clairs et qu’on y travaille au quotidien, on met toutes les chances de son côté pour réussir.
Le Cameroun est sorti de la compétition au premier tour, avec tout de même quatre points. Sous quel prisme lisez-vous cette performance, verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Les responsables camerounais sont ceux qui ont créé cette espèce de dichotomie dans la lecture de ce qui arrive. En réalité, tout portait à croire que nous étions une des petites équipes de la Coupe du monde, qui pouvait s’afficher au moins comme n’espérant pas grand-chose, mais se préparant à surprendre un peu son monde. J’aurais eu envie de dire que le Cameroun a fait une Coupe du monde somme toute correcte. On est partis quatrièmes de notre groupe, on a fini troisièmes. On a marqué quatre points. Ça aurait été quelque chose de bien, de respectable. Il y a eu quand même une avancée, on a gagné quelque chose par rapport au point de départ. Sauf que si votre point de départ, c’est la plus haute marche, évidemment être éliminé au premier tour, troisième du groupe, ça fait mauvais effet pour un possible champion du monde. 
Sur quoi faudrait-il mettre l’accent pour que les prochaines participations du Cameroun à une phase finale de Coupe du monde ne laissent pas cet arrière-goût d’inachevé ?
Pour ceux qui sont en charge, il faut savoir relativiser les choses et donc fixer des objectifs en rapport avec vos potentialités. Avec l’honneur que vous recherchez. Beaucoup ne comprennent pas le vrai langage du sport. Ne pas annoncer qu’on sera champion quand tout montre que vous ne le serez pas n’est pas du défaitisme. C’est simplement du réalisme et en plus, de la stratégie psychologique. Exploit en sport veut dire que ce qu’on sait de vous ne vous prédispose pas à réaliser cette performance-là. L’exploit ne se prépare pas en l’annonçant partout. L’exploit, on le prépare secrètement, on le réalise et il surprend tout le monde. 
Douze ans après son dernier quart de finale, l’Afrique a encore franchi un palier de plus avec le Maroc. Pourquoi, selon vous, ces performances sont-elles si épisodiques ?
D’abord, le travail des Africains a rarement été méthodique. Et leurs performances reposaient plus, dans un sport collectif et aussi sérieux que le football aujourd’hui, sur la conjoncture. Elle fait qu’on peut, sans explication rationnelle, disposer de talents conjugués à un moment do...

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