« Ils poursuivent la promotion de leurs offres politiques respectives »

Pr. Aristide M. Menguele Menyengue, maître de conférences en Science politique, Université de Douala.

Certains hommes politiques profitent de la période des fêtes de fin d’année pour se livrer à du marketing politique. Comment analysez-vous cette démarche ?
En politique, les stratégies de séduction et de (re)mobilisation sont généralement atemporelles. L’opportunisme qui préside aux rationalités des entrepreneurs politiques le commande. À temps et à contretemps, de façon continue ou discontinue, spontanément ou non, les entrepreneurs politiques peuvent ou non improviser des actes ou discours de séduction susceptibles de remobiliser autour d’eux et d’apporter la preuve de leur vitalité politique. Loin d’être des improvisations, les discours que prononcent les hommes politiques à la faveur des fêtes de fin d’années entrent progressivement dans le registre des traditions ou des institutions dans la mesure où en s’adressant à leurs militants ou plus généralement aux citoyens, ils poursuivent en réalité l’art de la séduction et la promotion de leurs offres politiques respectives.

Est-ce pertinent de s’activer ainsi durant cette période où les militants ont plutôt à la tête la fête ? 
La question de la pertinence de ces stratégies de marketing politique permet d’apprécier ce qui se joue dans la tradition des discours de fin d’année. Les hommes politiques qui s’investissent dans cette forme alternative de séduction entendent saisir la fenêtre d’opportunités que leur offrent ces périodes cultes. Si l’enjeu est de dresser le bilan des activités politiques qui ont ponctué l’année qui s’achève, de discourir sur « l’état de la nation », et éventuellement de se projeter à court, moyen ou long terme en ajustant autant que faire se peut le programme politique, alors, il est pertinent de s’activer de cette manière à l’occasion des fêtes de fin d’année. D’autant plus que pour une franche importante de citoyens, c’est l’occasion d’évaluer la pertinence des projets de société respectifs que proposent les hommes politiques. C’est l’occasion de prendre connaissance de l’évaluation que font les hommes politique de l’implémentation du projet de société du parti dominant. Mais, c’est surtout le temps favorable pour anticiper en prenant connaissance de ce que les hommes politiques prévoient pour les années futures sous fond d’effets d’annonce. 

Dans la forme des messages, certains hommes politiques préfèrent délivrer un « discours à la Nation », chose qu’on croyait réservée exclusivement au président de la République. Qu’est ce qui peut expliquer ce choix ?
Constitutionnellement, le président de la République incarne la Nation qu’il représente par ailleurs. Il est le chef de l’État et, selon une conception largement répandue, « le père de la nation ». Par conséquent, il est le plus fondé à prononcer un discours ou à adresser un message à la Nation.  Dès lors, la formule « discours à la nation » que banalisent les leaders de l’opposition peut apparaître comme une rhétorique de contestation du monopole présidentielle du « discours à la Nation ». Elle permet aux entrepreneurs politiques de rivaliser de pertinence, d’adresse et de rhétorique avec le président de la République. Donc, en tant qu’opportunité de mise en scène de l’éloquence discursive, la formule du « discours à la Nation » est un instrument de compétition politique. Mieux, une continuation de l’adversité politique par d’autres moyens. Pour les leaders des partis d’opposition, il s’agit précisément de profiter du pouvoir symbolique du discours à la Nation pour se positionner davantage comme alternative en déconstruisant bon an, mal an le monopole présidentiel de l’adresse à la nation.

L’option du discours par c...

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