« Les chefs d’Etat ont estimé que la rotation doit être de mise au PAP »

François Ango Ndoutoume, 4e vice-président du Parlement panafricain.

Nous constatons une atmosphère de grande sérénité au siège du Parlement panafricain (PAP) qui a fortement été secoué par une crise élective avant de sombrer dans un mutisme dû au Covid-19. L’ouragan est-il passé ? 
Permettez-moi de préciser que vous nous rendez visite au moment de l’intersession où j’ai l’honneur d’assurer la permanence et donc de représenter tout le bureau du Parlement panafricain (PA. Mon plaisir est d’autant plus grand que vous me donnez l’occasion de parler de notre Chambre qui n’est pas très connue des Africains alors que c’est la maison des peuples africains. Le gros incident qui avait accroché l’attention du monde entier et terni l’image de notre illustre institution lors du renouvellement du bureau en 2021 n’était qu’un accident de parcours.
Depuis sa création en 2004, le PAP, organise dans la sérénité et tous les trois ans, des élections au sein de toutes ses structures : le parlement, les 11 commissions, les cinq caucus, car le PAP fonctionne sur la base des cinq régions qui couvrent les 55 pays de l’Union africaine. Que ce soit le choix porté sur la Tanzanienne Gertrude Mongella (venant de l’Afrique de l’Est) à la création du PAP en 2004, puis l’arrivée du Tchadien Idriss NDélé Moussa de l’Afrique centrale ou même la succession au perchoir du Nigérian Bethel Nnaemeka Amadi, il n’y a pas eu de problème. Le Camerounais Roger Nkodo Dang est venu, tout s’est bien passé. Il s’est présenté pour un deuxième mandat et a été réélu. Son cas est exceptionnel avec ses deux mandats. Puis, a surgi une réflexion commune à tous les organes de l’Union africaine avec un mot-clé : la rotation. De là est né un conflit entre le règlement intérieur qui est clair et qui stipule que pour toute élection du bureau, y compris la présidence de l’auguste Chambre, toutes les régions peuvent présenter des candidats. De l’autre côté, les chefs d’Etat ont estimé que la rotation doit être de mise au PAP. Les deux thèses se sont affrontées : la thèse qui permettait à chaque région de présenter son candidat au poste de président et la volonté politique qui est de soumettre la Chambre au principe de rotation par région. Le débat est devenu électrique avant de basculer. On ne pouvait pas mettre de côté la base légale. C’est sur cette base que les élections ont été proposées. Les défenseurs de la thèse de rotation sont montés au créneau et il n’y a pas seulement eu choc des idées. Les parlementaires sont, hélas, allés très loin. La mauvaise image et partie et a été diffusée dans le monde entier.  

Après la session d’octobre dernier, peut-on croire, qu’on est reparti sur de nouvelles bases ? 
Les deux thèses qui s’affrontaient avaient en ligne de mire, le protocole de Malabo qui donne les pleins pouvoirs au PAP. Dans toutes les dispositions, le PAP est l’organe législatif de l’Union africaine et doit légiférer sur toutes les questions. Malheureusement, des garde-fous ont été posés et c’est pourquoi, pour que ce protocole entre en vigueur, il faut qu’il soit ratifié par au moins 27 pays de l’UA et c’est là le goulot d’étranglement. Jusqu’aujourd’hui, 20 pays ont signés et il n’y a que 14 ratifications. C’est la conférence des chefs d’Etat de l’UA qui décide du bon fonctionnement de l’Union. C’est elle qui a décidé que pour l’UA, il faut un exécutif, un parlement et le judiciaire. Nous avons constaté que l’exécutif est bien organisé, avec la conférence des chefs d’Etat, la Cour fonctionne à merveille. Et le PAP alors ? Il existe mais, n’a pas les pleins pouvoirs. Nous sommes obligés de faire du lobbying. Le PAP veut travailler avec tous les pouvoirs, Nous représentons quand même le peuple africain. Tout cela est conditionné à la ratification du protocole de Malabo. Pour ratifier, c’est l’exécutif qui initie. 
Nous avons accepté la proposition des chefs d’Etat de faire la rotation, étant donné que certaines régions avaient déjà occupé la présidence du PAP (Est, Centrale, Ouest) et d’autres attendent (Le Nord et l’Afrique australe). Sur la base de cette rotation, c’est l’Afrique australe qui préside aujourd’hui par l’entremise du Zimbabwéen Fortune Charumbira. Le challenge du nouveau bureau, c’est de continuer le lobbying pour que les Etats comprennent la nécessité pour le PAP de fonctionner avec les pleins pouvoirs. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. 

Une vingtaine d’années après, on en est à ce balbutiement, le PAP a-t-il un impact réel sur le peuple africain ?  
L’ambition est de parvenir à avoir un impact réel sur la vie des peuples africains. C’est une aspiration qui va de soi. Malheureusement cet impact n’est pas encore très marqué. Il devait pourtant être réel à travers des lois qui pourraient s’imposer à tous les Etats. Nous n’en sommes pas encore là. Nous sommes circonscrits dans le travail de production des lois types. Les lois types ont leurs limites, car les parlements nationaux sont libres de les intégrer ou pas. Malgré tout, le PAP participe dans plusieurs...

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