« Contrairement aux apparences, aucune élection n’est gagnée d’avance »

Pr. Serge Paulin Akono Evang, maitre de conférences en science politique, Université d’Ebolowa.

Le chef de l’Etat a convoqué le collège électoral pour une nouvelle élection des sénateurs. Comment analysez-vous la mobilisation dans les partis politiques depuis lors ?
Ce qui se passe actuellement est une opération routinière. Après la convocation du collège électoral, les partis politiques doivent organiser des investitures pour constituer leurs listes de candidats sélectionnés (titulaires et suppléants) aux postes électifs, le pouvoir nominatif des sénateurs relevant du chef de l’Etat. Il s’agit de la compétition en interne pour chaque formation politique intéressée. Par ailleurs, ce scrutin n’est que l’affaire de quelques partis politiques, en ce sens que les résultats des précédentes élections sénatoriales, les élections municipales et régionales qui les structurent, consacrent une sélection, voire un investissement ou un désinvestissement des partis politiques. Ce n’est donc pas tout le monde qui est concerné. Enfin, la mobilisation observée laisse entrevoir la distribution électorale du scrutin sénatorial au regard de l’implantation nationale de certains partis politiques, notamment le Rassemblement démocratique du peuple camerounais qui élargit son espace interne de compétition, alors que celui-ci est restreint au sein des formations politiques d’opposition.

Quelle est la place de ce scrutin dans le jeu démocratique au Cameroun ?
En dépit du débat, mais vidé par l’ordre dirigeant sur l’opportunité du Sénat, et partant des élections sénatoriales, le scrutin sénatorial du 12 mars 2023 participe de l’institutionnalisation, au mieux de la consolidation du jeu démocratique au Cameroun. Ce sont la logique et la dynamique de l’irréversibilité de la construction de la démocratie développée par le président de la République, Paul Biya, et soutenues par la majorité des Camerounais. A travers ce scrutin sénatorial, il y a une accoutumance progressive, un rite sénatorial voulu et un habitus sénatorial des Camerounais à la culture et aux pratiques démocratiques.

La configuration actuelle du collège électoral place le RDPC comme le grand favori pour cette consultation électorale. Quel intérêt pour les autres partis politiques de participer à cette élection où tout semble jouer d’avance ?
La sociologie des élections sénatoriales renseigne sur l’avantage comparatif du Rassemblement démocratique du Cameroun, parti présidentiel au pouvoir, sur les partis politique d’opposition. Mais, en politique et contrairement aux apparences, aucune élection n’est gagnée d’avance. Les autres partis politiques ont un intérêt politique à participer à cette élection, non seulement pour « exister », mais aussi parce que les précédentes élections sénatoriales ont do...

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