Nos étoiles, entre ombres et lumières

Il arrive bien peu souvent que le chef de l’Etat se fasse lyrique dans le discours. Il a le mot juste, peu foisonnant, utile, parfois lapidaire. En règle générale. L’usage de la métaphore dans ce style sobre et dépouillé n’en est que plus frappant. Et pourtant, vendredi dernier dans son traditionnel message à ses jeunes compatriotes, Paul Biya s’est enthousiasmé pour les jeunes, ces « étoiles qui illuminent notre pays », «valeurs positives d’un Cameroun rayonnant et conquérant». Une langue fleurie qui se justifie par le contexte particulier de cette fête, marqué par la victoire mémorable des Lions indomptables à la Coupe d’Afrique des Nations, et par l’hommage solennel de l’Etat à de valeureux soldats morts en mission commandée. Ces deux événements ont mis en exergue la bravoure, l’esprit de combativité et le patriotisme des jeunes, qualités que le chef de l’Etat n’a de cesse de recommander pour les jeunes et les moins jeunes. Or, il est loisible de faire le constat d’une certaine déliquescence des valeurs et du culte de l’effort dans des strates de la société. Les exploits des jeunes Camerounais en sport, dans l’armée, dans les arts, et dans l’économie numérique, n’en sont que plus éclatants. Les jeunes sont bien nos étoiles ! Mais comment favoriser, généraliser,  préserver cette propension à briller ?
On peut imaginer que l’éclat des étoiles au firmament du Cameroun requiert des attentions particulières, la création d’un environnement propice à l’éclosion des talents et à la culture de l’excellence. Pour réussir, et pour illuminer le pays de son talent, la jeunesse doit être préparée, cela va de soi.
A cet égard, deux facteurs-clés sont à questionner : l’efficacité de l’action sociale du gouvernement d’une part et  les valeurs que la société érige en références d’autre part. En ce qui concerne le gouvernement, il s’agit ni plus ni moins que d’assurer sa mission régalienne d’éducation, à travers une formation scolaire  et universitaire  de qualité, qui aura toujours pour objectif, non pas simplement des têtes bien pleines, mais aussi l’insertion socioprofessionnelle. En réalité, cette mission première de l’Etat se conjugue aussi avec celle d’assurer le développement global du pays car il est illusoire de rêver d’insérer professionnellement une jeunesse bien formée dans une société où l’économie est  contre performante et la précarité le lot du  plus grand nombre.
Dans ce registre particulier, notre pays peut se targuer d’avoir créé de nombreuses écoles et universités, même si la multiplication des filières professionnalisantes demeure un défi. De même, la création d’entreprises dans tous les domaines, les incitations de toute nature à celles qui existent, doivent encore bénéficier de la plus grande attention de l’Etat. C’est là en effet que se trouve le plus grand gisement d’emplois pour les milliers de jeunes diplômés parfois désemparés.
Et comme se plaît à le rappeler le président de la République, le Plan triennal spécial jeunes, dernière grande initiative gouvernementale en date en faveur des jeunes, est déjà  sur les rails, avec l’ambition de toucher 500 000 d’entre eux par an, à travers l’octroi de crédits. On peut donc en conclure que l’Etat, tout en continuant à travailler à améliorer le sort des jeunes, fait bien sa part.
Que dire de la société, et de sa responsabilité dans la naissance et la brillance de nos étoiles ? Son rôle est en effet incomparable. A travers la famille et les autres lieux de socialisation, c’est bien elle, avec l’école, qui doit nourrir les jeunes au biberon du patriotisme et au dogme de la confiance en soi, mère de l’audace et de la créativité. C’est elle aussi qui promeut l’échelle des valeurs appelée à inspirer les individus, en particulier jeunes. Sans doute l’optimisme du chef de l&rsq...

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