« Il faut désormais que l’Afrique se nourrisse elle-même »

Akinwumi Adesina, président du groupe de la Banque africaine de développement.

Monsieur le président, après trois jours de travaux intenses, que retenir du deuxième sommet de Dakar sur l’alimentation en Afrique ?
Travailler à la Banque africaine de développement c’est être en mission pour l’Afrique, être au service des populations. C’est dans cette vision que je place ce sommet qui vient de s’achever, car il faut désormais que l’Afrique se nourrisse elle-même. C’est pourquoi je remercie sincèrement le président Macky Sall qui a donné son accord pour que ce sommet se tienne dans son pays et qui a tout fait pour la rencontre se passe dans de bonnes conditions, avec une participation au sommet. Nous avons effectivement reçu à Dakar 34 chefs d’Etat et de gouvernement et 74 ministres. Nous avons également eu les leaders du secteur privés, les agriculteurs, les ONG, les partenaires au développement. Sans son engagement ceci n’aurait pas été possible. Alors que je venais d’être élu président de la BAD en 2015, je me suis rendu ici au Sénégal et c’est ici que j’ai pensé qu’il était temps de nourrir l’Afrique. C’est donc ici que nous avons développé la stratégie « Nourrir l’Afrique » de la banque. 

Quels sont les résultats de cette stratégie huit ans plus tard ?
Depuis lors, nous avons enregistré des résultats très importants à travers le continent. Nous avons investi sept milliards de dollars pour l’agriculture, mis à la disposition de 74 millions de producteurs des technologies plus performantes afin de doubler leur productivité et d’avoir la sécurité alimentaire. Avec les autres partenaires nous avons pu garantir l’autosuffisance alimentaire à 230 millions de personnes. Ce sommet n’était donc pas un sommet de paroles parce qu’on ne mange pas les mots mais la nourriture, il a été question de concrétiser les actions qui vont changer la situation actuelle de l’Afrique qui n’arrive pas à se nourrir avec toutes les terres dont elle regorge. On parle de 65% de terres arables non cultivées dans le monde qui se trouvent chez nous. L’Afrique a la responsabilité de se nourrir elle-même et arrêter d’aller prendre chez les voisins. Un exemple dont nous sommes fiers aujourd’hui c’est l’Ethiopie. La Banque a donné à ce pays 65000 tonnes de semences de blé résistantes à la chaleur et en quatre ans, les surfaces exploitées pour cette céréale sont passées de 5000 ha à 800 000 ha. Ils sont désormais autosuffisants en blé. Au Soudan, en trois ans, on a cultivé 318 000 ha de blé, diminuant l’exportation de 50%. Ça veut dire que c’est possible de changer la donne et les technologies pour y arriver existent. 

Quelles sont les actions que vous allez concrétiser au sortir de ce sommet ? 
Quelque chose d’inédit s’est passé à ce sommet. Je n’ai jamais vu les chefs d’Etat travailler autant chaque jour, sans compter les h...

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