« Au préalable, il faut bien maturer les projets »

Dr Stéphane Mougnol à Mougnol, spécialiste de la décentralisation, enseignant à l’université de Yaoundé II-Soa.

Les collectivités territoriales décentralisées (CTD) ont du mal à bien exécuter, dans les normes et délais requis, leurs projets de développement inscrits au BIP. Qu’est-ce qui peut être la cause de cette situation ? 
A l'observation des différentes données liées à l'exécution du Budget d’investissement public, il ressort en effet que les CTD ont du mal à bien exécuter dans les normes et dans les délais, les projets de développement inscrits au BIP. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. Dans un premier temps, l'exécution d'un projet de développement nécessite au préalable qu'il ait atteint un niveau de maturation suffisant pour sa mise en œuvre effective, or ce n'est pas toujours le cas des projets de développement portés par les CTD. Dans un deuxième temps, les CTD font généralement face à une difficulté d'accès aux fonds à eux alloués par l'Etat dans le cadre du BIP. Si ce retard peut se justifier par les difficultés conjoncturelles que traverse l'Etat camerounais aujourd'hui, il reste que le retard accusé dans la mise à disposition des fonds aux CTD a un impact considérable sur leur calendrier d'exécution de leur BIP. Enfin, l'une des raisons, et non des moindres reste le niveau d'éducation des autorités locales sur les modalités d'exécution du BIP. En effet, celles-ci ne sont pas toujours assez renseignées sur les bonnes pratiques en matière d'exécution des projets de développement. Bien que le Code général des collectivités territoriales décentralisées ait prescrit des formations de renforcement de capacités des autorités locales, seules quelques-unes se sont jusqu'à présent arrimées à cette exigence. Par ailleurs, l'absence de collaborateurs suffisamment qualifiés au sein des CTD, ainsi que la lente opérationnalisation de la fonction publique locale pourtant annoncée dans le Code, ne permet pas à ces collectivités de bénéficier d'un personnel compétent en ce qui concerne le montage et la maturation des projets de développement. 

Pour améliorer cette situation, les pouvoirs publics ne cessent d'interpeller, de sensibiliser et même de former les personnels concernés. Quelle analyse faites-vous de cet apport ?
Bien que les efforts déployés par les pouvoirs publics sont à saluer, il faut dire que beaucoup reste encore à faire. En réalité, si les nombreuses sessions de formation des autorités locales et leurs personnels organisés par le ministère de la Décentralisation et du Développement local et/ou le ministère de l’Economie ont contribué à donner à ces autorités et à leurs agents des compétences plus pointues, en matière d'élaboration des projets, il reste que ces efforts devront être quantitativement multipliés, qualitativement améliorés et diversifiés. Ceci, pour espérer atteindre de meilleurs résultats. 

Les structures dédiées à cela sont-elles suffisantes pour répondre à la forte demande ?

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