« Les parties semblent respecter les termes de l’accord »

Dr Ndzana Ntiga Athanase Roland, enseignant de Droit public.

Quel bilan faites-vous de l'accord de paix signé entre le gouvernement et les rebelles du Tigré le 2 novembre 2022 à Pretoria en Afrique du Sud deux ans après le déclenchement des hostilités entre les deux parties ? 
Quatre mois après la signature de cet accord de paix, les parties semblent respecter les termes du traité à savoir : cessation définitive des hostilités, désarmement, démobilisation et réintégration, traitement des civils, aide humanitaire, ainsi que l'établissement des mesures de confiance, souveraineté et frontières internationales, rétablissement de l'autorité fédérale, mesures de transition, surveillance et conformité. Le Premier ministre Abiy Ahmed a même rencontré le 3 février 2023 des chefs tigréens pour évaluer les actions menées jusqu'à présent sur la mise en œuvre des accords de paix de Pretoria et de Nairobi. Au sortir de cet échange, le Premier ministre a pris des décisions sur l'augmentation des vols vers le tigré, sur les services bancaires et sur d'autres questions qui renforceraient la confiance et faciliteraient la vie des civils. Cette rencontre peut constituer un signe positif marquant la fin de la guerre, car depuis plus de 18 mois, les vols commerciaux ont repris entre Addis Abeba et Mekele ; la police fédérale éthiopienne a fait son entrée à Mekele pour garantir la sécurité des institutions. Du côté des rebelles du tigré, ils estiment qu'il n'y a aucun intérêt à un retour à la guerre ; seulement, ils continuent de dénoncer les atrocités commises par l'armée érythréenne et les forces de la région éthiopienne de l'Amhara qui ont épaulé l'armée fédérale dans le conflit, informations à vérifier car les accès au tigré sont restreints d'où la difficulté de confirmer de manière indépendante la situation sur le terrain. Le seul bémol est l'absence lors de la signature de l’accord de paix de l'État érythréen qui est impliqué dans ce combat aux côtés du gouvernement Ethiopien. Les autorités de ce pays, sont silencieuses depuis la signature de cet accord, et l'on ne sait pas si elles vont retirer leurs forces militaires, toujours présentes en Ethiopie.
En clair, le maintien des soldats érythréens pourrait-il s’avérer problématique ? 
Le retrait partiel des soldats érythréens pourrait entraver l'accord de paix conclu en novembre 2022. L’Érythrée cherche à maintenir une situation de ni guerre ni paix, car pour le président Erythréen Issayas Afewerki, les tigréens demeurent une assurance vie et un épouvantail servant à maintenir sa population en état de siège. De plus, l'un des buts de cette guerre qui était de détruire le FLPT mais n'a pas été atteint. Toutefois, l'accord de Pretoria officialise l'affaiblissement militaire du parti tigréen qui gouvernait l'Éthiopie jusqu'en 2018, lui enlevant son pouvoir de nuisance sur Asmara. Le chef de l'État Érythréen entend donc conserver les territoires frontaliers autour de Badme et Zalambessa, qui étaient occupés par les tigréens avant la guerre et ce, en violation de l'accord de paix d'Alger signé en 2000. Cependant, les intentions des autorités de Mekele ne sont toujours pas claires au sujet de ces deux zones frontalières. De plus, d'après Fathi Osman, l'engagement militaire dans le tigré est un investissement auquel ne renoncera pas le président Erythréen, car le rapprochement avec l'Éthiopie l'a non seulement sorti de son isolement diplomatique, mais il lui a aussi permis de bien s'implanter militairement en Ethiopie, d'une part dans le tigré mais aussi dans le renseignement, à la ville Amhara de Gondar où les érythréens entraînent les forces spéciales ainsi qu'en termes d'influence politique. Ainsi, si le président Erythréen dispose de garanties que les tigréens ne le menacent pas, il pourrait libére...

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