Téléphonie mobile : il faut maintenir la pression

S’achemine-t-on vers de nouvelles sanctions à l’encontre des opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun ? La question se pose depuis un certain temps, du fait de la persistance des plaintes de nombreux usagers. En effet, les problèmes récurrents qui détériorent la qualité de service ont amené l’Agence de régulation des télécommunications (ART), au terme des séances de travail avec les dirigeants de MTN et Orange en janvier dernier, à enjoindre ces opérateurs de mener des travaux d’optimisation des performances de leurs réseaux de téléphonie mobile 2G, 3G et 4G dans plusieurs sites stratégiques. Pendant que ces travaux s’exécutent à Yaoundé et dans d’autres villes du pays, l’ART a commis des équipes de contrôle technique pluridisciplinaire, actuellement sur le terrain, pour procéder à des contrôles de performances des réseaux de téléphonie mobile, en corrélation avec les indicateurs de performance contenus dans les cahiers de charges engageant la responsabilité de ces entreprises concessionnaires. 
En cas de manquements répétés, prévient le régulateur, les résultats de ces contrôles devraient engendrer des sanctions prévues par la réglementation en vigueur, à savoir : les sanctions pécuniaires (amendes) ; la proposition de réduction de la durée de la concession ou la proposition de retrait pure et simple de la concession. En tout cas, à la lecture du récent communiqué publié sur la question par le directeur général de l’ART, Philémon Zoo Zame, sa détermination à utiliser tous les leviers d’action à sa disposition ne fait l’ombre d’aucun doute. Le gendarme du secteur semble déterminé à obliger les opérateurs à offrir aux abonnés, sur toute l’étendue du territoire national, des services de qualité satisfaisants.                                                L’épée de Damoclès qui est suspendue au-dessus de la tête de ces entreprises remonte aux contrôles de performance des réseaux effectués au deuxième semestre 2022 concernant MTN Cameroon, Orange Cameroun, Viettel et Camtel. A l’issue de ces contrôles, 13 mises en demeure leur ont été servies, assorties d’un délai pour la mise en œuvre des mesures correctives exigées.
La sortie musclée du régulateur intervient à un moment où d’aucuns commençaient à se demander où il est passé, tant les récriminations sont nombreuses et les consommateurs presque désemparés. Car, en dépit des sanctions infligées à ces opérateurs dans le passé, il se dégage aujourd’hui l’impression qu’ils ont de la peine à suivre la cadence et à s’adapter à l’accroissement exponentiel du trafic. Une situation due, d'une part, à l'augmentation continue du nombre d'utilisateurs d'Internet et, d'autre part, à l'arrivée de services variés à forte demande en qualité (transmissions vidéo, Voice over IP, applications distribuées, etc.). Au demeurant, la réalité qui crève les yeux est que, jusqu’ici, en dépit des désagréments subis par les consommateurs et des rappels à l’ordre des autorités de régulation, la qualité de service offerte par les entreprises de communications électroniques au Cameroun laisse toujours à désirer. Elle est largement en deçà des attentes des abonnés. Ils sont nombreux, parmi les près de 21 millions d’actifs en 2020 sur les réseaux mobiles, à décrier dans leurs plaintes récurrentes, la mauvaise qualité de la réception des appels téléphoniques; les difficultés à émettre des appels (problème d’interconnexion, temps de latence, nombre élevé de tentatives soldées par des échecs) ; l’interruption des communications ; les ruptures de réseaux ; la disparition inexpliquée des crédits Internet ; la médiocrité technique de l’offre Internet ; des difficultés à effectuer les transactions Mobile Money ; les incidents à répétition sur le réseau national de fibre optique ; les publicités mensongères et indésirées ; l’absence de transparence dans la fixation des tarifs adressés aux  consommateurs, etc.
Les réseaux de téléphonie mobile n’étant pas entièrement autonomes, il est évident que des causes exogènes contribuent également à altérer leur qualité, au rang desquelles, selon les experts : les coupures récurrentes de la fibre optique dues aux travaux routiers et au vandalisme ; le non-respect des normes dans la pose de la fibre optique ; l’insuffisance et l’instabilité de l’offre énergétique. Cependant, la responsabilité des opérateurs dans ce qui est critiqué reste importante et ils en sont conscients. C’est pour cette raison qu’au terme d’un atelier sur la qualité des communications électroniques, organisé par l’Association des opérateurs concessionnaires de téléphonie mobile, le 13 décembre dernier, les opérateurs (Camtel, MTN et Orange) s’étaient engagés à mener des actions prioritaires pour remédier aux défaillances constatées. Notamment, un investissement cumulé de l’ordre de 156 milliards de F en 2023, afin d’étendre la couverture réseau et l’amélioration de la qualité de service.                                                                                                                                          En tout état de cause, compte tenu des expériences du passé, il faut maintenir, voire intensifier la pre...

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