Préoccupations des enseignants anglophones: le gouvernement à pied d’œuvre

Le président du Comité ad hoc chargé de proposer des solutions aux problèmes des syndicats anglophones, le Pr. Ghogomu Paul Mingo, était face à la presse lundi à Yaoundé. A l’issue de ces échanges, l’on retient que l’instance créée par le Premier ministre, chef du gouvernement, le 26 novembre 2016, s’est profondément penchée sur ses missions. En effet, né au plus fort de la grève lancée le 21 novembre 2016 par les enseignants du sous-système anglophone, ce comité a engagé un dialogue franc avec les responsables des syndicats. Ce qui a abouti à la levée du mot d’ordre de grève le vendredi 4 février dernier.
Ce dénouement peut s’expliquer par des actions vigoureuses déjà prises par le chef de l’Etat, pour résoudre les problèmes posés par ces syndicats. Il s’agit, par exemple, du recrutement spécial de 1 000 jeunes enseignants bilingues dans les disciplines scientifiques. Par ailleurs, l’on note l'octroi aux établissements privés des cycles primaire et secondaire, d'une dotation additionnelle de deux milliards de F, au titre des subventions publiques pour l'année scolaire 2016/2017.  Comme autre mesure, la tenue cette année du Forum national de l’Education.

L’intégralité du propos liminaire du président du Comité interministériel ad  hoc lors de son point de presse de lundi 13 février.

« Mesdames et Messieurs les journalistes,
 
Six syndicats professionnels des enseignants d'expression anglaise avaient rendu public le 06 novembre 2016 à Bamenda, à l'intention des parents, enseignants, élèves et étudiants, un mot d'ordre de grève pour la date du 21 novembre, comprenant au total 11 points de contestation sur la base desquels la
grève projetée allait être entreprise.
Afin d'examiner ces revendications et d'y apporter autant que faire se peut les réponses les plus appropriées, le Premier ministre, chef du gouvernement, avait été instruit par Son Excellence Monsieur le président de la République, de mettre en place des cadres de dialogue avec les différentes parties prenantes aux problèmes soulevés, à l'effet d'examiner la pertinence desdits problèmes et de proposer aux instances de décision, les solutions susceptibles d'être envisagées.  C'est ainsi que par Arrêté N°118/CAB/PM du 08 novembre 2016, le Premier ministre, chef du gouvernement, a créé un Comité chargé de proposer des solutions aux problèmes de tous les enseignants du Cameroun. La première session de ce Comité s'est tenue le 18 novembre 2016. Les enseignants du sous-système anglophone ont refusé d'y participer. Ceux-ci ont plutôt entamé une grève à durée illimitée, le 21 novembre 2016.  Le gouvernement a tenu des discussions avec les leaders de ces syndicats, mais aucun compromis ne s'étant dégagé de ces assises, le gouvernement est à nouveau allé à la rencontre des contestataires. Et c'est le Premier ministre, chef du gouvernement, qui avait alors personnellement conduit les négociations, se rendant sur place les 25 et 26 novembre 2016.
A l’issue de ces rounds de négociations, les syndicats s'étaient engagés à suspendre le mot d'ordre de grève dès lors qu'au moins une des 11 demandes formulées dans leur préavis de grève trouvait une réponse favorable de la part du gouvernement au plus tard le 30 novembre 2016, en plus de la création d'un Comité Ad Hoc dédié spécifiquement aux problèmes des syndicats anglophones, qui siégerait à Bamenda.
Conformément à ses engagements et à sa volonté d' œuvrer à un rapide retour à la normale, le gouvernement avait satisfait non pas à une, mais plutôt à deux revendications comprises dans le registre de doléances des syndicats, à savoir celles figurant aux points 5 et 9 de leur préavis de grève.  C'est à ce titre que, s'agissant du point 5 qui faisait état de la pénurie des enseignants dans les établissements anglophones d'enseignement technique, le chef de l'État a ordonné le recrutement spécial de 1 000 jeunes enseignants des matières scientifiques et techniques.
En plus de cette réponse favorable, le gouvernement en a apporté une autre au point 9 des revendications sus-citées, qui portait sur la faible capacité financière des établissements privés laïcs et confessionnels à se situer à la hauteur des objectifs de formation optimale de leurs apprenants.
Pour y faire suite, le chef de l'État a ordonné la mise en place d'un fonds spécial d'un montant de deux milliards de francs CFA, pour servir de subvention en faveur des établissements d'enseignements privés laïcs et confessionnels.
Le Comité Ad Hoc dédié spécifiquement aux problèmes des syndicats anglophones, a été créé le 29 Novembre 2016.
Mais contre toute attente et malgré le respect de ces engagements tant sur le plan de leur consistance que sur celui de leurs formes et de leurs procédures, les intèrlocuteurs du gouvernement avaient refusé de lever leur mot d'ordre de grève, arguant de ce que les revendications satisfaites par le gouvernement ne constituaient pas des points majeurs dans leur assortiment d'exigences.  En dépit de cet état de choses, le gouvernement avait par la suite entrepris de rouvrir les négociations en convoquant la tenue d'une session du comité ad hoc le 27 décembre 2016 à Bamenda.
Au cours de cette session, les syndicats ont posé deux préalables à la reprise des travaux, le premier étant l'accroissement de la représentation de la Région du Sud-ouest dans la composition du comité, et le second étant la libération sans aucune condition, de toutes les personnes mises en cause dans les violences consécutives aux différents mouvements d'humeur.
Pour le premier préalable, le Comité a agréé leur demande et accepté en son sein tous les nouveaux membres désignés par les syndicats.
Le comité ayant fait état de ce qu'il n'avait pas compétence pour connaître du second préalable, à savoir la libération de personnes désormais à la disposition de la justice, les six syndicats avaient alors rompu les négociations.
Persistant dans son souci de continuer le dialogue et de rechercher les solutions concertées aux problèmes soulevés par les syndicats, le gouvernement est reparti en négociations, en dates des 12 et 13 janvier 2017 à Bamenda.
Au cours de cette session du Comité Ad Hoc, les syndicalistes ont fait passer leurs revendications de 11 à 18, puis de 18 à 21.
Chacun de ces points a ensuite fait l'objet d'une analyse concertée, méthodique et rigoureuse.
Mais, alors qu'il était attendu des syndicalistes la signature du communiqué consacrant la levée du mot d'ordre de grève du reste appelée de tous leurs vœux par les représentants des parents d'élèves et des promoteurs d'établissements présents aux négociations, lesdits syndicalistes ont plutôt demandé un temps de réflexion avant de se prononcer sur cette question.
Revenus dans la salle au terme de leur concertation, ils ont, contre toute attente, fait connaître au gouvernement, leur fin de non-recevoir à la levée du mot d'ordre de grève, et posé à nouveau deux préalables à la reprise des négociations, à savoir: la remise en liberté sans condition de toutes les personnes interpellées dans le cadre des opérations de police et de maintien de l'ordre suite aux désordres et violences organisés sur la voie publique, et l'institution d'une fédération comme forme de l'État.
Après leur avoir fait connaître d'une part, que le premier préalable relevait de la Justice et qu'au demeurant de nombreuses personnes interpellées avaient déjà fait l'objet d'une mise en liberté, et d'autre part que, s'agissant du retour au fédéralisme étatique, le chef de l'État avait déjà souligné que la forme de l'État était non négociable, le président du comité ad hoc a levé la séance.
Dans un communiqué officiel publié le lundi 16 janvier 2017, le président du comité ad hoc, en ma modeste personne, a tenu à rappeler que le gouvernement avait déjà mis en œuvre de nombreuses solutions issues des revendications formulées par les syndicats du système éducatif camerounais, au nombre desquels le recrutement spécial de 1 000 enseignants bilingues dans les disciplines des mathématiques, des sciences, des technologies et du français, l'intégration en cours de la première vague des instituteurs contractuels du cycle primaire et des professeurs contractuels des cycles secondaires, l'octroi aux établissements privé du cycle primaire et secondaire, d'une dotation additionnelle de deux milliards de francs CFA, au titre des subventions publiques pour l'année scolaire 2016/2017, l'organisation en 2017 du Forum National de l'Éducation, le redéploiement des enseignants des deux sous-systèmes éducatifs, selon leurs compétences linguistiques.     
Il a aussi indiqué que les recommandations faites par rapport à toutes les autres questions techniques mises en discussion lors des différents rounds de négociations, avaient été transmises à Monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement.
Sans doute faudrait-il mentionner qu'à chaque étape de la progression du processus des négociations, l'opinion publique nationale et internationale en a été dûment ténue informée par les soins du gouvernement.
Après avoir rappelé, à grands traits, la genèse de la situation qui a prévalu dans le sous-système éducatif anglophone ces dernières semaines, je voudrais maintenant m'appesantir sur les réponses que le gouvernement apporte aux différents problèmes posés par les syndicats d'enseignants.
Le gouvernement a été très attentif aux préoccupations exprimées par les enseignants. Leurs doléances ont été discutées dans les différents cadres de dialogue social mis en place. Et, de manière consensuelle, des solutions ont été recherchées de bonne foi et dans un esprit constructif. Nombre d'entre elles ont déjà connu un début d'exécution.
Le gouvernement a par la suite poursuivi sa réflexion sur les problèmes soulevés et les solutions proposées. Il a aussi pu élaborer un plan d'action qui a reçu le haut accord du chef de l'Etat.
Les actions qui sont déjà entreprises et celles qui continueront à l'être dans ce cadre, n'ont pas uniquement pour objectif d'obtenir la levée d'un mot d'ordre quelconque, ou tout autre résultat ponctuel. Il s'agit de l'action d'un gouvernement responsable qui, conscient de l'existence de problèmes réels touchant à une question fondamentale, à savoir l'éducation de nos enfants, s'emploie à rechercher de bonne foi, des solutions appropriées allant dans le sens du progrès. Les actions entreprises et envisagées par le gouvernement à cet égard, peuvent être regroupées suivant les trois niveaux d'enseignement.
1) Problèmes soulevés au niveau de l'éducation de base.
Plusieurs préoccupations soulevées par les syndicats ont trait aux ressources humaines.
1.1. Les syndicats se sont montrés particulièrement préoccupés par le sort des instituteurs contractuels, dont ils souhaitent l'intégration. Cette préoccupation, il faut le dire, ne concerne pas que les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Une équipe interministérielle est déjà à l' œuvre pour définir les modalités pratiques d'intégration de ceux des instituteurs contractuels qui remplissent les conditions d'ancienneté suivant le décret N° 2000/359 du 5 décembre 2000 portant statut particulier des fonctionnaires des corps de l'éducation nationale. Une fois ce travail achevé, les informations y relatives seront largement diffusées auprès des concernés, et les opérations d'intégration progressivement engagées en fonction des disponibilités budgétaires.
1.2. Toujours dans le sous-secteur de l'enseignement primaire et maternel, la question de la pénurie d'instituteurs a été soulevée, notamment en ce qui concerne les zones rurales. De manière spécifique, il a été porté à l'attention du gouvernement le manque criard d'enseignants dans les écoles des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
A l'examen, il s'avérait que, si ce problème est réel dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il affecte également toutes les autres Régions du Cameroun. A cet égard, le gouvernement souhaite informer l'opinion qu'un plan pluriannuel de contractualisation des «maîtres de parents» est en cours d'exécution avec l'appui des partenaires au développement. C'est ainsi qu'il y a une vingtaine de jours, 3050 « maîtres de parents» ont vu leurs liens consolidés grâce à la contractualisation.
Pour l'exercice en cours, il est prévu la contractualisation de 2970 titulaires du Certificat d'Aptitude Pédagogique des Instituteurs de l'enseignement Maternelle et Primaire (CAPIE11P). Cette démarche visera autant que possible les zones les moins bien loties. Le gouvernement continuera, en fonction des moyens disponibles" à déployer tous les efforts nécessaires pour s'assurer que toutes les écoles du pays disposent d'enseignants bien formés.
2) Problèmes soulevés au niveau des enseignements secondaires.
Dans leurs différentes requêtes, ainsi que lors des concertations organisées à Bamenda et à Yaoundé, les syndicats d'enseignants ont soulevé plusieurs griefs relativement aux enseignements secondaires. Les plus saillants de ces problèmes ont trait d'une part aux ressources humaines, et d'autre part, aux difficultés rencontrées dans les établissements d'enseignement technique du sous-système anglophone.
2.1. En ce qui concerne les ressources humaines, la question de leur disponibilité et de leur efficience est souvent revenue. La problématique récurrente de la pénurie des enseignants se pose également ici. Elle prend même une acuité particulière pour les matières scientifiques et techniques. Le gouvernement en a pleinement conscience. C'est ainsi que sur la dernière décennie, l'on est passé d'une Ecole Normale Supérieure à trois, à la faveur de la création et l'ouverture de celles de Maroua et Bamenda. Sur la même période l'offre-en Ecole Normale Supérieure de l'enseignement Technique (ENSET) a été triplée. Des ENSET sont fonctionnelles à Douala, Kumba et Bamenda.
2.1.1. Plus spécifiquement, pour répondre à cette préoccupation, le président de la République a décidé du recrutement spécial de 1000 jeunes diplômés de l'enseignement supérieur pour renforcer les effectifs de professeurs dans les matières scientifiques et techniques.
2.1.2. Il a aussi été mis en évidence que même lorsqu'elles existent certaines ressources humaines dédiées à l'enseignement ne sont pas toujours efficientes parce que étant affectées dans un sous-système qui ne correspond pas à leurs aptitudes pédagogiques; du moins au plan linguistique. Un recensement a d'ores et déjà été opéré, afin d'identifier les enseignants susceptibles d'être redéployés. Ce redéploiement est effectif en ce qui concerne l'enseignement technique. Il se fera dans les prochaines semaines pour l'enseignement général et sera parachevé avant la rentrée 2017/2018.
2.2. L'enseignement technique dispensé dans le sous-système éducatif anglophone connaît quelques difficultés qui ont été portées à l'attention des pouvoirs publics. Les réponses adéquates ont été trouvées lors des séances de travail du Comité ad hoc et sont en cours d'implémentation. Je ne reviendrai pas sur la question de la disponibilité des enseignants déjà évoquée.
2.2.1. Un des problèmes structurels a trait au système de certification dans cet ordre d'enseignement. Il était marqué par une sorte d'hybridation et demeurait calqué, dans une certaine mesure, sur le sous-système francophone, avec des diplômes comme le Certificat d'Aptitude Professionnelle ou le Probatoire et le Baccalauréat techniques.  A la suite des travaux du Comité, un groupe de travail a été mis sur pied pour étudier les voies et moyens d'aligner le système de certification de l'enseignement technique du sous-système anglophone sur les principes directeurs dudit sous-système. Ce travail est en cours d'achèvement et les mesures -destinées à répondre aux préoccupations y afférentes vont immédiatement commencer à être mises en œuvre.
2.2.2. Un autre problème a trait à la palette des spécialit&e...

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