« Les chaussées en BCR durent au minimum 30 ans »

Célestine Ketcha Courtès, ministre de l’Habitat et du Développement urbain.

Madame le ministre, après Garoua la semaine dernière, vous voici à Bafoussam, certes pour inaugurer le marché moderne nouvellement construit, mais évaluer aussi certains chantiers d’aménagements urbains comme les voiries. De Garoua à Bafoussam, en passant par Bertoua, êtes-vous satisfaite du comportement des routes faites en Béton compacté au rouleau (BCR), un an après ? 
Nous sommes satisfaits et avons d’ailleurs prescrit de continuer avec ce type de revêtement pour les chaussées de Maroua où nous avons lancé, avec l’ambassadeur de France, les travaux du C2D le 04 mars 2023 en présence des ambassadeurs de la TEAM Europe. Plus globalement, il me revient que les populations riveraines de Bafoussam qui étaient sceptiques au lancement de cette technologie, il y a plus de quatre ans, en sont de fervents défenseurs aujourd’hui grâce à la robustesse de la chaussée amenée à durer bien plus longtemps que les revêtements bitumineux et constitué essentiellement de matériaux locaux, soit une facilité d’entretien par la Collectivité territoriale décentralisée (CTD).


Parlant des chantiers routiers précisément, certains tronçons sont mis en service depuis plusieurs années. Vous arrive-t-il d’y descendre à nouveau pour vérifier la tenue et la résistance des ouvrages ?
Il faut préciser que les projets routiers sont planifiés, de telle sorte qu’à la fin des travaux, une réception provisoire des travaux est programmée ; et un an plus tard, une commission redescend pour apprécier la tenue et la résistance des ouvrages qui ont été construits ainsi que la ou les voies aménagées. Oui, moi-même également, je procède très souvent à des descentes inopinées sur ces voies-là, non seulement pour apprécier le niveau d’entretien engagé par les CTD mais pour me déplacer d’un point à un autre.

Nous constatons que sur les différents projets, précisément ceux du programme C2D « Capitales régionales », vous avez opté pour la technologie du Béton compacté au rouleau (BCR). Pourquoi avoir choisi le BCR au lieu d’autres technologies à l’instar du Béton bitumeux ou de la Technique de chaussée composée (TCC) ?
Les choix techniques pour la construction des chaussées ont été effectués dès les études de faisabilité réalisées entre 2013 et 2014 par le Cabinet suisse URBAPLAN et validés lors des études d’avant-projet sommaire (APS) et d’avant-projet détaillé (APD) réalisées entre 2017 et 2018 par trois Bureaux d’Etudes (BET) différents, à savoir, EGIS pour Bafoussam, ECTA BTP pour Bertoua et BVI International pour Garoua. De ces études, il ressortait que les chaussées en BCR sont dimensionnées pour durer au minimum 30 années sans entretien lourd. Celles-ci pouvant accueillir une circulation lourde importante. Toutefois, la solution pavée était recommandée pour les zones compressibles et susceptibles de remontées d’eau.
Contrairement à ce qu’affirment certaines personnes, il n’a jamais été question d’expérimentation du BCR, mais de la mise en œuvre, au Cameroun, d’une technologie parfaitement adaptée à la capacité de maintenance des CTD, parfaitement maîtrisée et utilisée ailleurs, notamment au Canada où les conditions climatiques sont très pénalisantes pour le maintien de la qualité des voies de circulation, mais aussi aux Etats-Unis, dans le Bénélux, en Allemagne, en Pologne, dans les pays de l’Est, en Chine et de plus en plus en Afrique.
La technique de chaussée composée (TCC) reste une technique peu connue. L’ampleur des travaux de voirie à effectuer et les attentes des populations n’autorisaient pas des essais des technologies aux résultats incertains. Cependant, un promoteur de la place nous l’a présentée comme étant une chaussée ou mieux un corps de chaussée stabilisé par un produit innovant du nom de « Aggrebind » pas encore homologué par l’administration compétente à savoir le ministère des Travaux publics (MINTP), conformément au décret n°2016/PM du 26 avril 2016. En effet, il s’agit là d’une stabilisation du corps de chaussée en place pour améliorer sa portance, comme c’est le cas avec plusieurs autres types de stabilisants (ciment, chaux, produits bitumineux, résines ou toute autre colle), le plus répandu étant le ciment. La stabilisation consiste à introduire un liant pour agglomérer les particules du sol traité. Il existe une multitude de produits stabilisant de sol, plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs déjà été testés au Cameroun. Malheureusement, les chaussées en terre stabilisées sont extrêmement sensibles aux défauts d’assainissement, d’imperméabilisation et aux charges lourdes, et leur durée de vie est assez faible (moins de 5 à 10 ans). La capacité portante des sols ainsi traités se trouve bien améliorée, mais ceci n’est que faiblement durable. A défaut de revêtement conséquent par-dessus, cette technique est particulièrement destinée aux entretiens saisonniers des pistes agricoles.

Mais on reproche à la technologie BCR de ne pas respecter certaines clauses, notamment le traitement des sols avec des produits innovants d’amélioration ou stabilisant…
Attention ! Ce reproche dénote de la méconnaissance des dispositions de construction d’une chaussée. Pour illustrer, vous faites une comparaison entre la toiture d’une maison et sa fondation. Les deux sont certes indispensables mais dissociables dans les techniques de construction. Ainsi, en complément des explications précédentes, je dirai simplement que le BCR est un revêtement posé sur un corps de chaussée constitué du sol en place amendé, traité ou non-traité, et suivant les propriétés mécaniques recherchées. Dans le cadre du programme C2D, certains sols en place ont été traités au ciment avant revêtement en BCR.

En termes de coûts, cette technologie présente-t-elle des avantages ?
Les études ont prouvé que le ...

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