« L'accord de paix de 2018 est une avancée sérieuse »

Dr Athanase Roland Ndzana Ntiga, enseignant de Droit public.


Qu'est-ce qui bloque l’application de l'accord de 2018 sur le Soudan du Sud, six ans après sa signature entre le président Salva Kiir et son vice, Riek Machar ? 
Une étude des principaux éléments de l'accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud évalue les perspectives de mise en œuvre et offre un aperçu des politiques fragiles à la base du moratoire. Il faut noter que la signature de l'accord de 2018 entre Salva Kiir et Riek Machar a été saluée comme une percée décisive dans la résolution du conflit civil qui a coûté la vie à 400 000 victimes et a forcé le déplacement de plus de 4 millions de personnes depuis le début du conflit en décembre 2013. Sur le point de vue sécuritaire de l'accord, l'on note la réaffirmation de l'accord de cessation des hostilités signé en décembre 2017, la séparation et le reportage des forces, la formation de comités de coordination mixte militaire, le cantonnement des forces, la restructuration et la réforme des forces de défense populaire du Soudan du Sud impliquant l'incorporation de diverses factions militaires ; et le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ainsi que la réforme du secteur de la sécurité. Seulement, depuis la signature de cet accord, l'on note une absence d'engagement des parties à l'accord. Jusqu'ici, l'accord de cessation des hostilités n'a été observé que partiellement, car des hostilités existent encore dans les zones de Wau et dans certaines parties de l'Equatoria. De plus, les termes de l'accord de 2018 précisent le partage du pouvoir entre les deux parties, soit 60% pour le Camp de Salva Kiir et 40% pour celui de Riek Machar, à des postes de direction dans l'armée, la police et les forces de sécurité nationales. Malheureusement, au regard de l'accord, le président devrait au préalable s'accorder avec son vice-président pour toute réforme dans le pays. Pourtant, il continue de faire cavalier seul. Et c’est ce que dénonce Riek Machar. Par exemple, le décret pris par Salva Kiir sur la formation de la structure de commandement, ainsi que le limogeage d'un certain nombre de ministres parmi lesquels se trouve l'épouse de Riek Machar.

A propos de limogeage justement, quelles peuvent être les répercussions si ces ministres ne sont pas réintégrés comme l'exige l'autre camp ? 
Comme nous venons de le relever, toute action politique dans le pays est soumise à l'accord préalable des deux parties. Ainsi, le limogeage des ministres de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur, unilatéralement décidé par le président Salva Kiir, qui veut certainement démontrer à son adversaire ainsi qu'à la communauté internationale qu'il n'y a qu'un seul capitaine dans le navire, posera des problèmes. Cependant, le ministre des Affaires étrangères Mayiik Ayii, est un proche allié de Salva Kiir qui a déjà occupé le poste de ministre du Cabinet du président. Il n'a pas été possible de déterminer immédiatement si le licenciement de Mayiik Ayii était lié à ceux de la Défense et de l'Intérieur, qui ont menacé de détruire un accord de paix fragile avec Riek Machar. Le porte-parole du président Salva Kiir a déclaré qu'il s'agit d'une activité normale. Les gens peuvent être relevés de leurs fonctions et remplacés. Il faut noter que la mise en œuvre de l'accord connu sous le nom d'Accord de paix revita...

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