Cinéma : le projet de relève de Jean-Marie Teno

Sédentarisé depuis quelques temps à Yaoundé, le réalisateur camerounais Jean-Marie Teno est dans les startingblocks d’une course de relais particulière. Celle menant à la concrétisation du projet « La’a Lom ». Une forge cinématographique où il entend stimuler la créativité artistique de jeunes férus des arts en général et de cinéma en particulier. Le réalisateur de Bikutsi Water Blues en 1988 et de Clando en 1996 est résolument tourné vers la transmission de 40 années d’expérience dans le film documentaire. Le cinéma demeure une profession nécessitant de la formation et des solides bases pour décrire la société dans ses couleurs, ses profondeurs et avec ses odeurs. Le cinéaste derrière malentendu colonial (2004) et Afrique je te plumerai (1992) dévoile les contours de « La’a Lom » et ses futurs projets cinématographiques. Moteur ! ça tourne !

De quoi est-il question dans votre projet culturel baptisé « La’a Lom » ?

Natif de Bandjoun, le « Lom » chez nous c’est la forge qui était le lieu où était façonné la fonte pour fabriquer divers outils. Après être parti du village, il y a une soixantaine d’années, j’ai fait des études à Yaoundé, je suis allé en Europe, j’ai commencé à faire des films, j’ai voyagé un peu partout et puis j’ai ressenti le besoin de transmettre aux jeunes ce que j’avais glané de gauche à droite. J’ai développé ce concept de passer de l’idée au film en lançant l’atelier « Patrimoines et héritage » en 2017 à Bandjoun Station. C’était une résidence sous la forme de compagnonnage avec de jeunes réalisateurs en herbe. En trois éditions, il y a eu 17 films réalisés dont 11 par des femmes. Mais ma réflexion était celle de résoudre les péripéties liées au choix du site de la résidence. Je me suis dit pourquoi ne pas revenir à un espace à aménager et à pérenniser ? Et puis je voyais disparaître beaucoup de mes collègues sans qu’on ne sache où sont leurs films ou les archives de leur travail. Donc, je me suis dit que pendant que j’ai encore de l’énergie qu’il était temps de préparer une structure capable de regrouper tous ces éléments. Voilà l’idée qui m’a fait relancer cette construction entamée tout au long de ma vie. Depuis 2022, le gros œuvre est déjà réalisé et j’ai lancé une opération de financement participatif pour permettre à cet espace de transmission de fonctionner de façon optimale.

En termes de contenus, à quoi va-t-on s’attendre dans le cadre de ce projet ?

Logé à Bandjoun, ce sera un espace qui pourra héberger des résidences artistiques. Il est prévu une bibliothèque et une médiathèque pour constituer un véritable centre de documentation sur le cinéma documentaire et le cinéma africain. Ce sera le site qui abritera les ateliers « Patrimoines et héritage ». Le reste du temps, il servira à toutes les personnes voulant organiser un atelier de formation autour d’un certain nombre de métiers. Il existe tellement d’artisans qui peuvent transmettre et qui ont le devoir de transmettre. Il y a beaucoup de techniques artisanales qui sont en train de disparaître et dont on ne trouve pas forcément des gens pour transmettre.

Le questionnement social très présent dans vos œuvres et dans celles d’une génération de cinéastes, est-il présent au sein de la génération artistique actuelle ?

Ce sont les hommes qui suscitent cette réflexion à un moment. On est dans une société où il y a beaucoup de gens qui sont des influenceurs et qui font beaucoup de buzz par rapport à beaucoup de choses. En même temps, on se rend compte qu’il y a très peu de personnes qui écrivent. C’est comme si la substance par rapport à la réflexion manquait. La libéralisation de la presse avec la parution des journaux pri...

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