Avancées : on vient de loin…

Entre censure préalable, saisies de journaux, interpellations de journalistes, etc. la presse locale a éprouvé toutes sortes de carcans sur le chemin de sa liberté.

Les lecteurs d’un certain âge s’en souviennent : il arrivait que des journaux locaux aient des pages hachurées. Des colonnes de texte qui semblaient avoir disparu entre la salle de rédaction et l’imprimerie. En fait, les morasses des journaux passaient par la censure administrative préalable, opérée au Minat – ou dans ses démembrements. Des fonctionnaires décidaient alors, en dernière instance, de ce qui pouvait être publié ou non. Relatée de la sorte, l’opération semblait une simple formalité. Ce n’était pas le cas.
« Parfois, vous attendiez le responsable longtemps, et à son arrivée, il vous grondait. Un jour, l’un d’eux m’a demandé si je le croyais à mon service pour l’empêcher de se reposer un dimanche. Je lui ai dit que je n’y étais pour rien, le journal devant paraître le lundi… », se souvient Dominique Fopoussi, ancien du « Messager » et de « Dikalo ». Quelquefois, les journaux décidaient de passer outre la censure : les articles biffés par le censeur étaient conservés, et se retrouvaient en kiosques le lendemain. Ce qui n’allait pas sans conséquences.
« Les autorités avaient leurs agents de renseignement, lesquels vérifiaient, le matin, que la censure avait été respectée. Au cas contraire, des saisies étaient lancées contre tel ou tel titre. Des saisies sauvages, parce qu’on ne vous donnait aucun bon de saisie, aucun document », indique encore Dominique Fopoussi. Dans ce cas de figure, certains arrivaient quand même à tirer leur épingle du jeu : les tenanciers de kiosque. Quand, via des vendeurs à la criée par exemple, ils apprenaient qu’un titre faisait l’objet de saisies, ils dissimulaient le gros du stock reçu, laissaient quelques exemplaires à vue et en exposaient un. La saisie emportait peut-être dix numéros, le kiosquier en écoulait par la suite une cinquantaine, mais disait au Dp plus tard que tous les exemplaires du jour avaient été saisis…
La censure n’a pas été le seul carcan pour la presse locale d’une certaine époque, bien qu’elle ait pu obérer le métier. « Malgré le changement de régime de la presse survenu en 1990, qui passait de l’autorisation à la déclaration, la censure avait été maintenue. Elle a désorganisé le secteur par une dose &e...

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