« En plus des ex-combattants, il faut s’intéresser aux communautés d’accueil »

Dr Edouard Epiphane Yogo, géostratège, enseignant à l’Université de Yaoundé-II Soa.

Dans sa stratégie pour un retour à la paix au Sud-Ouest, au Nord-Ouest et à l’Extrême-Nord, le Cameroun a mis en place un Comité de désarmement, démobilisation et réintégration, avec des centres d’accueil dans ces régions. Quel regard jetez-vous à la manière dont le processus est conduit ?
Par principe stratégique, un tel mécanisme est un outil important de confiance. Il commence lorsque les négociations de paix sont effectivement en cours ou encore, lorsque la stabilisation fait partie intégrante du paramètre sécuritaire sur les théâtres des opérations. Si une telle option tient dans le cas de l’Extrême-Nord Cameroun, ce n’est pas encore complètement le cas au Nord-Ouest et au Sud-Ouest du pays. En termes d’appréciation, les conditions d’accueil de ces ex-combattants dans les trois régions sont difficiles. Le nombre de retournés étant supérieur aux capacités prévues. Il est vrai que certains centres d’accueil sont en construction. Aussi, observe-t-on que beaucoup de bénéficiaires vivent au sein des communautés des villages abritant ces centres, épousent des femmes de ces localités. Il leur faut un véritable suivi psychologique ou toute forme de profilage approfondie. 

Dans le cadre de ce processus, ces derniers mois, on a enregistré de nouvelles redditions dans les rangs des bandes armées dans ces trois régions, portant leur total à 3520 sujets environ. Qu’est-ce qui peut expliquer ces défections ?
Ces redditions sont à mettre au crédit de la collaboration relative entre les forces de défense et de sécurité et les populations dans ces théâtres. D’abord, la communauté stratégique nationale s’attaque progressivement aux causes de leur émergence. On voit des programmes d’autonomisation de la jeunesse ou de son emploi qui sont proposés. On observe des initiatives d’endiguement de la pauvreté endémique menées pour contrer leur capacité de recrutement et pour créer une contre-cause rebelle. On perçoit que les effets du réaménagement du commandement territorial semblent stresser les bandes armées dans leurs retranchements. Ce qui limite ainsi leur influence sociale, leur capacité de ravitaillement, de puissance et de nuisance. Toutefois, la persistance de leur maitrise des espaces réside dans les difficultés de l’État à assurer un dosage homéopathique entre les paramètres militaires, sécuritaires et humanitaires. C’est là que sommeille l’enjeu d’une meilleure emprise réticulaire et sécuritaire sur ces bandes armées. 

L’un des volets importants de cette activité porte sur la réinsertion sociale des ex-combattants. Quelles sont vos propositions pour s’assurer que ces derniers ne prennent pas les armes à nouveau ?
Il faut une stratégie de réinsertion sociale à base communautaire. Elle passe par l’intégration de la communauté et l’instauration effective des mécanismes essentiels de socialisation ou de renforcement de structures existantes. L&r...

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