« Les barrières douanières vont tomber »

Louis-Marie Magloire Nkoum-Me-Ntseny, ambassadeur du Cameroun au Congo.

Le 5 juin 2023 marquait la date de la première expérience de transport en commun routier par agence entre deux pays de la CEMAC : le Cameroun et le Congo. Quels sont les espoirs que charrie cette ligne pour le renforcement des échanges économiques et commerciaux dans la sous-région ?
Précisons que c’était la toute première expérience de transport en commun effectué par une agence de transport en commun reconnue. Mais sur ce corridor Yaoundé-Brazzaville, depuis la fin des travaux de la route, l’on a noté une nette crue de voyageurs en partance ou en provenance de l'un et l'autre pays, avec les moyens du bord certes. Au demeurant, le fait que la société de transport Saint Denis Voyages ait pris l'initiative de moderniser le transport en commun de personnes sur cette ligne est porteur de nombreux espoirs et confirme les progrès dans la mise en œuvre de nos politiques sous-régionales en matière de libre circulation des personnes et de biens, fortement encouragée par les chefs d'Etat de la CEMAC. L'on peut donc s'attendre, dans les prochains mois, à ce que de telles initiatives se multiplient, non seulement entre le Congo et le Cameroun, mais aussi avec nos autres voisins. Je suis confiant que cette ligne de transport qui s’intègre, faut-il le rappeler dans le programme du réseau des routes transafricaines, va non seulement booster le transport des personnes, mais aussi celui des marchandises.

La section camerounaise de la route transfrontalière Sangmélima-Ouesso alors présentée comme le chaînon manquant du corridor Yaoundé-Brazzaville a été inaugurée en 2021. Depuis lors, quel impact a été observé sur les transactions ?
L'achèvement des travaux de la section camerounaise du corridor a eu un double impact. D'abord, il a permis d'accroître la fluidité dans le transport aussi bien des personnes que des biens. Pour ceux qui ont eu à emprunter cette route avant la fin des travaux, ils savent qu'en termes de gain de temps, on est passé de plusieurs jours sur les plus 1587 km qui séparent les deux villes (Yaoundé et Brazzaville) à deux jours (pour les voitures de petite cylindrée) ou trois à quatre jours maximum pour les gros porteurs). Ensuite, je situe cet impact au niveau de l'efficacité qui permet aux commerçants, notamment les vendeurs de denrées alimentaires périssables, de courir très peu de risques de perdre leurs marchandises. Je prendrai juste l'exemple du commerce des oignons qui marche très bien entre le Cameroun et le Congo. Avant, des bassins de production au Nord Cameroun jusqu'à Brazzaville, et si l'on s'en tient uniquement au tronçon Sangmélima-Brazzaville, il fallait compter au moins 14 jours de route. Aujourd'hui, cet itinéraire prend quatre jours au maximum. C'est impressionnant. Enfin, sur le plan strictement national, l'ouverture de ce tronçon a également permis l'évacuation vers le port de Douala du bois congolais et camerounais exploité dans la localité de Mbalam à l'Est du Cameroun.

Quels sont les leviers à actionner pour fluidifier les échanges entre les deux pays, notamment en ce qui concerne la multiplicité de postes de contrôle présents le long du corridor ?
Dans quelques semaines se tiendront à Brazzaville les travaux de la commission mixte de coopération entre nos deux pays. Ce sera l'occasion de revisiter notre coopération, de relever les écueils afin de mieux envisager l'avenir. Aucune question ne sera éludée. Ainsi, s'agissant du nombre élevé de postes de contrôle sur ce corridor, nous allons mener ensemble la réflexion - car cette question est transversale et concerne de nombreux acteurs - pour voir comment les alléger. A notre avis, quelques barrières mixtes (comprenant la police, la gendarmerie, la santé, les services de douane, des eaux et forêts) placées à certains points sensibles devraient suffire. Mais la multiplication des postes de contrôle est très souvent justifiée par les impératifs de sécurité, dans un environnement...

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