« La hausse vertigineuse des prix a été stoppée »

Monsieur le ministre, vous avez lancé en avril dernier une campagne de gel de prix sur 100 jours dans certaines grandes surfaces du pays. Quel bilan peut-on faire de cette initiative à quelques semaines de sa clôture ?
Vous vous doutez bien, j’espère, qu’il ne s’est pas agi d’une initiative fantaisiste, encore moins fantasmagorique, bâtie ex-nihilo et sortie de je ne sais quel cerveau brumeux. Bien au contraire, après avoir fait le constat d’une certaine détente des prix, certes relative, mais réelle, observée sur le marché international des produits alimentaires à l’issue de près de trois années consécutives de surchauffe, pour cause de crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 et de crise sécuritaire due au conflit en Ukraine, le ministre du Commerce a estimé qu’un retour de balancier était nécessaire, qui devrait se traduire, à défaut d’un changement du tout au tout des étiquettes, par au moins, dans une phase première, un blocage des compteurs. C’est donc fort de ce constat, que j’ai engagé des discussions, en droite ligne des très hautes et constantes directives du Chef de l’Etat, avec l’ensemble des acteurs du secteur marchand et, plus spécifiquement, avec le segment de la grande distribution. Il a fallu ensuite faire preuve de patience, de pédagogie et de persuasion. Certains promoteurs ont adhéré assez rapidement, c’est-à-dire au bout de près de cinq semaines d’échanges. D’autres ? ont pris du retard à l’allumage, mais ont fini par suivre. Au final, tout le monde s’y est mis. Les premiers opérateurs à rallier la noble cause de la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs durement éprouvés, ont parié sur une liste de 100 références dont les prix devaient rester bloqués sur une période de 100 jours, avec une clause de rendez-vous. Mais, grâce aux effets bénéfiques de la concurrence, le curseur a rapidement migré vers une baisse des prix et un élargissement de la gamme des produits cibles. Quel bilan en tirer, pratiquement au bout de 100 jours ? La seule réponse possible est que le train n’est pas encore entré en gare et poursuit tranquillement son chemin, tant il est que certains opérateurs, parmi les majors, ont d’ores et déjà pris l’engagement de passer à une seconde phase, synonyme de montée en puissance de l’opération. C’est l’occasion pour moi de lancer un vibrant appel à ceux qui, soit hésitent, soit traînent tout simplement les pieds. Je pense en particulier aux promoteurs nationaux, dont je voudrais par ailleurs saluer le sens civique et le patriotisme éprouvé.

L’un des objectifs de cette campagne était de soutenir le pouvoir d’achat des populations dans un contexte marqué par la hausse généralisée des prix. Peut-on dire que les ménages ont réellement été impactés par cette opération ?
Je confirme que l’objectif poursuivi par le gouvernement était effectivement, comme dans d’autres pays à travers le monde, de soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs, dans un contexte d’inflation généralisée et galopante, corollaire de la pandémie du Covid-19 et de la crise sécuritaire en Ukraine. Je vous renvoie à cet égard aux initiatives du même type prises notamment par le ministre de l’Economie et des Finances en France ou par d’autres responsables politiques en Europe, en Amérique ou ailleurs. Quel en a été l’impact ? On peut au moins dire que la hausse vertigineuse des prix a été stoppée. De manière factuelle, certaines étiquettes ont effectivement été revues à la baisse. C’est le cas notable des pâtes alimentaires, de certaines variétés de riz, de la farine de blé ou encore des conserves de poisson, des eaux minérales et autres boissons hygiéniques. Même le pain a repris quelques grammes.

La grande disparité des prix d’un supermarché à l’autre, parfois au sein de la même enseigne n’est-elle pas un frein à une telle initiative ?
Je ne sais pas si on peut parler d’une disparité des prix au sein d’une même enseigne. Ce ne serait pas logique tant qu’il s’agit...