« Une alternative et un espoir pour l’Afrique »

Dr Simon Pierre Omgba Mbida, diplomate et internationaliste.

22 pays ont officiellement déposé leurs demandes d’adhésion au groupe des BRICS. Qu’est-ce qui justifie cet attrait ?
Depuis leur création officielle en 2009, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont la volonté de peser sur la scène mondiale et de concurrencer l’Occident. Aujourd’hui, le groupe des BRICS représente 42% de la population de la planète, soit 3,2 milliards de personnes et environ 25% du produit intérieur brut (PIB) mondial. Le PIB des BRICS a dépassé celui du G7. Les BRICS sont un groupe de cinq grandes puissances émergentes qui entendent peser davantage dans les institutions internationales jusqu'ici dominées par le monde occidental, à savoir les États-Unis et l'Europe. D’où l’intérêt et l’attrait pour de nombreux pays.
Aujourd’hui, plusieurs enjeux animent puis intéressent particulièrement les BRICS et ils y travaillent sérieusement avec acharnement d’ailleurs. D’abord, les BRICS veulent proposer une alternative financière aux institutions de Bretton Woods, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire internationale (FMI) avec pour enjeu la redéfinition du système de la gouvernance financière mondiale. Ensuite, il y’a l’enjeu économique avec la création de la nouvelle monnaie en perspective qui serait arrimée à l’or ou qui serait arrimée à un panier de monnaie (en l’occurrence la monnaie des cinq pays). Donc, on voit ici que les BRICS veulent véritablement s’attaquer au troisième enjeu qui est l’enjeu de la dé-dollarisation, c’est-à-dire, essayer de pouvoir convaincre plusieurs pays de laisser le dollar comme étant la monnaie de transaction internationale. L’objectif ultime, c’est de dire au groupe du G7 qu’il y a une alternative et qu’il faut s’asseoir autour de la table pour pouvoir réexaminer le système de gouvernance mondiale. Au final, les BRICS veulent de plus en plus affirmer leur hégémonie au plan international et ils en ont les moyens s’il y’a à la clé une réelle volonté politique.

Une certaine opinion présente ce groupe de pays comme étant la future force géostratégique dans le monde face à d’autres communautés. Etes-vous du même avis ? 
C’est tout à fait plausible eu égard à tout ce que j’ai dit tantôt sur la capacité des BRICS à influencer la conduite des affaires du monde. De ce point de vue, on peut considérer que le vœu du président de la République française, Emmanuel Macron, de participer au prochain sommet des BRICS reflète une volonté claire de rapprochement avec ces économies émergentes qui feront le monde de demain et donneront le là pour ne pas dire le ton dans les relations internationales post-modernes. Cette démarche française pourrait marquer un tournant dans la diplomatie internationale, tout en reflétant l'évolution du paysage économique mondial, où le PIB des BRICS a dépassé comme je l’ai dit tantôt celui du G7.  Il est évident que l'expansion économique des BRICS, dont le PIB combiné a largement surpassé celui du G7, a de quoi inquiéter, mine de rien, certaines puissances occidentales. D’où le besoin de tous ceux qui cherchent actuellement à renforcer leurs relations avec ces nations émergentes. Voilà encore un autre aspect de l’irrésistible attractivité des BRICS malgré les antagonismes politiques d’avec certains qui veulent absolument les rejoindre. 

Après l’Afrique du Sud qui en est déjà membre, cinq autres pays africains manifestent leur volonté d’adhésion aux BRICS. Pensez-vous que ce groupe de pays soit la voie de salut indiqué pour permettre à l’Afrique de relancer son économie, booster son développement, combattre efficacement le terrorisme et de pouvoir se positionner sur l’échiquier mondial ?
Il est loisible d’observer que le monde est devenu multipolaire. Il se rééquilibre et les anciennes méthodes ne peuvent plus répondre aux nouvelles situations. Au niveau régional africain, Pretoria plaide depuis longtemps pour que les BRICS jouent les contrepoids dans un ordre mondial dominé par l'Occident. Par rapport à l’attrait qu’exercent les BRICS, on observe allègrement aujourd’hui que plusieurs pays africains dont, entre autres, le Nigéria, l’Egypte, la RDC, l’Algérie et même le Gabon, veulent intégrer la conférence de cette organisation. En effet, il est une évidence que les pays africains ont de nombreuses raisons et beaucoup d’intérêts à rejoindre les BRICS. Le premier intérêt des pays africains, c’est qu’ils peuvent aller négocier un prêt vers les institutions de Bretton Woods. Tout comme, ils peuvent désormais discuter d’un emprunt avec la nouvelle banque de développement des BRICS. Donc, il y a une diversification des sources de financement et de ...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie