« La nouvelle dynamique ne reculera plus »

Jean Claude Dikot, secrétaire général du comité de développement de la forêt d’Ebo.

A la suite du décret signé au mois d'avril par le premier Ministre, les populations d'Ebo sont autorisées à rentrer chez elles. Qu'est-ce que ce retour représente pour vous ?
Ce retour représente pour nous « la dignité retrouvée » à plus d’un titre. Après le déguerpissement des populations en 1963, ces populations se sont retrouvées à s’installer comme elles le pouvaient selon le lieu où l’hospitalité leur était accordée. C’est ainsi qu’elles se sont installées à Loum, Penja, Mbanga, Tombel, Douala, Massoumbou, Bonepoupa, Yabassi, Edéa, Djoum, Ngambè, Songmbengue, Sakbayeme, Pouma, Lolodorf, Song Loulou, Massock, Ewodi, Bodiman, … pour ne citer que ces quelques localités. Plusieurs familles se sont séparées du fait que l’hospitalité n’était pas souvent accordée à toute la famille au même endroit. Des membres d’une même famille ne se retrouvaient qu’occasionnellement et très souvent pas tous à la fois. Plusieurs sont inhumés sur la terre des ancêtres de ceux qui leur ont accordé l’hospitalité et non dans la terre de nos ancêtres. Beaucoup ont perdu l’usage de la langue maternelle au profit de la langue de la communauté d’accueil. Les plus jeunes posent la question de savoir qui ils sont, d’où ils viennent et n’ont pas de réponses. C’est donc toute la culture de ce peuple qui à la base renaît, se développe et se consolide à travers ce décret.

En tant qu’élite et membre du comité de développement comment comptez-vous accompagner l’Etat et la population dans cette démarche ?
Notre démarche pour accompagner les populations au retour se fera dans le respect des autorités administratives et traditionnelles. Nous nous rapprocherons des autorités administratives en l’occurrence le préfet du Nkam et le sous-préfet de Yingui, des élus locaux dont le maire de la commune de Yingui et son conseil communal, et enfin des chefferies traditionnelles pour leur expliquer la démarche. Cette dernière va consister au recensement des populations par village et ce à travers les chefferies traditionnelles, l’identification des occupations ancestrales par clan et par famille, la sensibilisation des filles et fils de la communauté, l’adressage d’un mémorandum aux autorités administratives locales pour avis et approbation de l’organisation du retour, la tenue des palabres avec l’ensemble des riverains sous la conduite de leurs chefs de villages et de cantons. Et enfin l’effectivité du retour encadrée par les autorités administratives citées plus haut. 

Comment comptez-vous encourager les jeunes à s'installer au village et quelles sont les dispositions qui seront prises pour les encourager à rester sur place ?
Les jeunes seront très heureux de s’installer au village et d’y rester, car cette nouvelle dynamique qui est lancée depuis l’année 2020, ne reculera plus. Cette dynamique a encore beaucoup plus de zèle depuis la signature du décret du 27 avril 2023. Une unité de première transformation du bois sera installée et emploiera des centaines de jeunes femmes et hommes, entraînant bien évidemment une base de vie très importante dans cette localité. Des écoles seront créées dans tous les villages et pour nous c’est sacré. L’éducation de la jeunesse est le fondement du développement futur des hommes et femmes de cette localité et partant de toute cette localité. Des centres de santé et des hôpitaux seront effectivement installés pour nous assurer de la bonne santé de cette jeunesse. Une mutuelle de santé sera effective, pour supporter les frais médicaux. Nous développerons également d...

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