Transfert d’autorité sur Bakassi : quinze ans déjà

La signature du document matérialisant cette étape le 14 août 2008 a révélé au monde la capacité des pays africains à résoudre pacifiquement leurs problèmes. Une approche qui sert d’ailleurs d’exemple de nos jours.

« Il est reconnu par le présent acte que (a) le retrait de l’administration civile et les forces de police de la République fédérale du Nigeria de la zone (Annexe I et Annexe II de l’Accord de Greentree) et (b) le transfert d’autorité à la République du Cameroun sur la totalité de la presqu’île de Bakassi ont été achevés ce jour, jeudi 14 août 2008 ». Pouvait-on lire sur le document signé dans la localité nigériane de Calabar par sept personnalités. Au rang de celles-ci, les chefs de délégation du Cameroun et du Nigeria au Comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord de Greentree du 12 juin 2006, Pr Maurice Kamto et Michael K. Aondoakaa, de Sir Kieran Prendergast, président du Comité de suivi et des représentants des quatre Etats témoins (République fédérale d’Allemagne, Etats-Unis d’Amérique, Royaume uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord et la France). Mais, il faut relever que la signature de ce transfert d’autorité se voulait surtout la traduction en actes de la volonté de paix clairement affichée par deux pays ayant en outre accepté de se soumettre au verdict de la Cour internationale de justice de La Haye.
Il s’agissait-là du dénouement heureux d’un épisode douloureux qui tendait à empoisonner les relations jusque-là fraternelles et cordiales entre le Cameroun et le Nigeria. Le 21 décembre 1993 en effet, des éléments des forces armées nigérianes ont envahi la localité de Jabane, marquant ainsi le début d’une escalade qui a pris fin devant les instances judiciaires internationales, à l’initiative du président de la République, Paul Biya. Mais, il faut relever que le chemin aura été particulièrement difficile et sinueux entre ce 21 décembre 1993 et l’événement vécu dans la capitale de l’Etat du Cross River au Nigeria le 14 août 2008. Un chemin sur lequel il aura fallu faire preuve de beaucoup de patience, de retenue face aux actes de provocation venant du camp d’en face. C’est aussi une période au cours de laquelle il aura fallu faire montre de diplomatie en faisant valoir l’importance d’un règlement pacifique de ce différend frontalier. Ni le Cameroun, ni le Nigeria n’avait rien à gagner d’un conflit armé qui aurait été au final très coûteux pour chacun des deux pays.


Bakassi : modèle de règlement pacifique d’un conflit
Unanimement salué par le monde comme un modèle de règlement de conflit entre Etats dans un environnement marqué par de multiples guerres, le cas Bakassi est depuis lors entré dans les annales de l’histoire. Face à une partie de leurs opinions publiques qui étaient résolument tournées vers la guerre, les présidents Paul Biya du Cameroun et Olusegun Obasanjo du Nigeria avaient choisi de donner toutes les chances à la négociation et à la concertation entre frères, sous l’encadrement du droit international. L’ONU, sous la conduite de son secrétaire général de l’époque, Kofi Annan, de regretté mémoire, allait s’avérer un accompagnateur de poids. C’est dans cet état d’esprit que la Commission mixte chargée de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 10 octobre 2002 sur le d...

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