Justice populaire: ces dérives qui dérangent

 Pour de multiples raisons, les citoyens s’érigent en justiciers, souvent au mépris des règles régissant l’Etat de droit.

Ce sont des images courantes, voire banales au sein de la société. Un présumé voleur qui se fait lyncher par la population en furie, parfois jusqu’à ce que mort s’en suive. Au grand bonheur de ses bourreaux. Des conducteurs de motos-taxis, sous le prétexte d’une solidarité de corps, qui prennent d’assaut un automobiliste qui aurait heurté un de leurs collègues. On arrive parfois jusqu’à l’incendie du véhicule mis en cause. D’autres scènes de la justice privée existent au sein de notre société. Telles ces belles-familles qui, au lendemain de la mort d’un fils, s’érigent en héritiers de ce dernier, parfois au grand dam de la veuve et des héritiers légitimes. On a plus loin, dans un village, un vieillard qui est mis en quarantaine, lorsqu’il ne subit pas des exactions portant parfois atteinte à son intégrité physique. Le motif ici : c’est un sorcier. L’image des axes routiers barrés, du fait de populations réclamant des indemnisations à la suite de déguerpissements de leur terrain pour cause d’utilité publique paraît normale de nos jours. Que dire de ces officiers de police judiciaire dont les bureaux sont devenus de véritables « cimetières » de dossiers ou encore de ces avocats qui ne suivent des dossiers qu’en fonction du paiement de leurs honoraires…
Légitime défense
Comment ne pas mentionner ces enseignants qui refusent d’assurer le droit à l’éducation pour faire entendre leurs revendications, compromettant ainsi l’avenir de jeunes citoyens au mépris des dispositions des articles 97 et 355-2 du Code pénal qui punissent les auteurs et complices de l’entrave du droit à l’éducation. Les hommes et femmes de média ne sont pas en reste, eux qui s’érigent en « procureur » et s’emploient à un véritable lynchage qui porte atteinte à la vie privée et même professionnelle des autres. Toutes ces dérives se font au mépris des dispositions de l’article 8 du Code de procédure pénale, adossées à l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui indiquent que « toute personne suspectée d’avoir commis une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui seront assurées ». C’est ce qu’a tenu à dire Daniel Mekobe Sone mercredi dernier, au cours de l’audience solennelle de rentrée de la Cour suprême. Le premier président de la haute juridiction a rappelé que ce n’est « ni par la violence, ni par la violation de la loi qu’il faut agir ». Il a appelé le citoyen à former ses revendications dans le cadre des institutions établies et des lois positives. Toutefois, le premier président de la Cour suprême a indiqué qu’il « existe des hypothèses où la justice privée est autorisée exceptionnellement par la loi ». Il a parlé pour cela « de la légitime défense, de l’état de nécessité, de l’excuse de provocation prévue par les articles 84, 85 et 86 du Code pénal camerounais ».

Calvin Ndangoh Tah: “Allow State Institutions To Do Justice”

Barrister at Law

While launching the judicial year in Cameroon last Wednesday February 22, the Chief Justice of the Supreme Court decried private justice which is gaining grounds in the society. How can you define private justice?

Private Justice or mob justice as it is also known is the justice of the people that is not regulated by law. It has come as a result of some people who think that the conventional justice, the rule of law, is not being respected and that the judiciary in one way or the other has failed to satisfy the people. Sometimes someone is arrested by the police and the same person threatens you that he will be out the next day. This makes the people think that the rule of law has failed them. But that is not always the case. You cannot talk about private justice without talking about the corruption that has gotten a grip on our society. People think that anybody who has money can buy justice. Private Justice has always been proven to be wrong whenever it is exercised. If you take the case between landlords and tenants as it was raised by the Chief Justice, it is private justice when a landlord wants a tenant to pay his rents by removing the door or the roof of the house.

What are the sanctions for landlords who take the laws into their hands?

This violates the rules of law in place because once a tenant takes over the house, the tenant is the occupant of the house and once the landlord gets into the house without the authorization of the tenant, the landlord is charged with trespass. It can be sentenced from six months to two years depending on the gravity of the offence. Breaking into a tenant’s house because he/she has not paid rents is equally trespass.

What about striking teachers who deprive children of their right to education?

Rights have limits. Everybody has the right for movement but it doesn’t mean that you should move into somebody’s house anyhow. We all have limits. If teachers are strike, they should equally know that the children have the right to learn or to be taught. In the course of exercising your own rights, don’t trample on some other person’s rights. If the teachers are clamouring for improved working conditions from the go...

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