« La problématique du financement reste cruciale »

Samuel Njanga Kondo, président du Syndicat des industriels du Cameroun.

On observe un certain frémissement dans le secteur des industries de transformation au Cameroun. Quel regard portez-vous sur ce dynamisme ?
Globalement, le secteur industriel ne semble pas afficher l’image que vous projetez. Et pour cause, l’activité industrielle reste sous l’emprise des effets exogènes consécutifs aux multiples crises qui animent l’environnement économique international. C’est ainsi que l’on peut observer des tensions inflationnistes çà et là, qui impactent négativement l’activité industrielle. Aussi, sur le plan endogène, le coût de financement qui représente 11 à 15% du chiffre d’affaires des transactions limite la capacité à concourir véritablement dans un contexte macroéconomique mondial en pleine mutation et en pleine compétitivité accrue. Il n’est qu’à prendre, pour s’en convaincre, l’augmentation du prix du carburant, des télécommunications, les infrastructures routières en piteux état... Dans un tel contexte, les fonctions régaliennes de l’Etat que sont la régulation, la facilitation et l’accompagnement, sont convoquées de manière à établir des poches d’efficacité afin de démontrer l’efficacité de la politique industrielle. La politique industrielle devrait cependant être dynamique et les institutions de politique industrielle doivent avoir la capacité et la volonté de s’adapter constamment aux besoins évolutifs du secteur industriel.

Il y a quand même des secteurs qui donnent à espérer notamment le cosmétique, l’agro-alimentaire, la métallurgie, etc. Que faire de plus pour assurer un véritable décollage industriel ?
C’est une exception. Toutefois, la planification du développement est un moyen de coordonner la politique industrielle avec d’autres questions macro-économiques telles que les taux de change, les politiques monétaires et budgétaires, la stratégie en matière d’infrastructures et les mesures relatives au climat d’investissement. On peut la définir comme une cartographie judicieuse de l’Etat pour coordonner la prise de décisions économiques sur le long terme et influer sur la croissance des principales variables socio-économiques, afin de réaliser un ensemble d’objectifs de développement préétablis.

Quels sont les obstacles qui continuent de freiner la percée des industries de transformation dans notre contexte ?
Les obstacles qui continuent à freiner l’essor des industries de transformation dans notre contexte sont de deux ordres : institutionnel et conjoncturel. Sur le plan structurel, la loi N°2002/004 du 19 avril 2002 portant charte des investissements en République du Cameroun témoigne de la volonté de l’Etat de bâtir une économie compétitive et prospère… A l’inverse, il est constaté que certains outils dédiés à la promotion de l’initiative privée (dont l’initiative industrielle) n’ont pas encore voix au chapitre, notamment le Conseil de partenariat industriel, pour véritablement répondre aux aspirations du secteur industriel, créateur de richesses et d’emplois. Pourtant, il s’agit d’un cadre juridique et règlementaire qui convoque la concertation public/privé, en vue de trouver des solutions concrètes, réalistes sur les politiques tendant à l’essor de ce secteur vital de l’activité économique du Cameroun. D’où le constat amer que l’on peut relever : les codes sectoriels qui sont des outils d’incitation ne sont pas encore disponibles en vue d’optimiser la mise en œuvre véritable du plan d’industrialisation. Au regard de ce qui précède, comment peut-on penser à un secteur industriel compétitif lorsque les différents intervenants ne se rencontrent pas pour apporter des solutions aux écueils rencontrés et qui plombent notablement l’évolution des activités de l’entreprise industrielle ? Sur un autre volet, en rapport à l’essor du secteur industriel au Cameroun, la problématique du financement de l’industrie reste actuelle. En effet, il s’agit d’un problème crucial et fondamental, dont la solution permet d’atteindre les objectifs d’industrialisation au Cameroun. Et pour cause, le système bancaire reste embryonnaire. Sa contribution au financement de l’industrialisation et à la formation du Produit intérieur brut est faible. Par ailleurs, les banques accordent plutôt des crédits à court terme qu’à long terme dévolus au financement du haut de bilan. Et l’accès au crédit est sujet au dépôt de garanties de niveaux prohibitifs. Les financements disponibles pour les Petites et moyennes entreprises sont donc peu appropriés à l’accompagnement des projets d’industrialisation. Il en est de même pour les producteurs du secteur agricole. Pourtant, ces entités constituent des acteurs clés pour la promotion d’une industrialisation basée sur les ressources à moyen et long terme. Au plan conjoncturel, l’environnement économique mondial reste ombragé par l’incertitude. La nature et l’impact des effets exogènes y relatifs entravent notablement l’...

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