Niger : une crise aux multiples enjeux

Le coup d’Etat survenu le 26 juillet dernier au Niger est venu révéler les luttes d’influence qui ont toujours prévalu entre grandes puissances dans ce pays du Sahel.

Enjeu sécuritaire
Après le renversement des présidents démocratiquement élus au Mali et au Burkina Faso, le Niger, dernier pivot de l’armée française dans la lutte contre l’Etat islamique et Al-Qaïda dans le Sahel, est tombé aux mains des militaires. Dans les deux premiers pays, les nouvelles autorités, soutenues par les populations, ont exigé le départ de leur sol des troupes françaises. Bamako et Ouagadougou se sont retournées vers Moscou dans la lutte contre les jihadistes. Avec le coup d’Etat au Niger, Paris craint également un scénario similaire, surtout après l’attaque de son ambassade à Niamey et les menaces proférées contre ses ressortissants à travers le pays. La France est visiblement inquiète de perdre définitivement son influence dans le Sahel en matière de lutte contre le terrorisme avec la chute de Mohamed Bazoum, au profit d’une Russie célébrée avec la présence de la force russe, Wagner. Avec Boko Haram qui constitue toujours une menace dans la zone du lac Tchad, Paris craindrait qu’avec le basculement définitif du Niger, le terrorisme rende davantage cette région ingouvernable et ses intérêt menacés. D’où la sortie musclée des autorités françaises plutôt favorables à un retour à l’ordre constitutionnel à tout prix et à tous les prix. 

Enjeu économique
C’est un secret de Polichinelle. Le Niger est depuis plusieurs décennies le principal fournisseur de la France en uranium, une ressource minière utile pour l’alimentation de ses centrales nucléaires. Bien que les liens économiques entre les deux Etats n’étaient jusqu’ici très développés. En mai dernier, Orano (ex Areva), avait signé un accord avec le gouvernement Bazoum pour proroger l’exploitation de la mine d’uranium de la Somaïr jusqu’en 2040. On se souvient qu’en 2013, l’entrée de cette mine avait été forcée par des jihadistes qui voulaient s’en emparer. Il s’agit d’un atout économique stratégique que la France n’entend pas perdre. Le Niger étant le 5e fournisseur de cette ressource minière à la France au cours des dix dernières années. Selon Orano, cela représente 10 à 15 % des besoins des centrales électriques françaises. En plus, le Niger doit abriter le plus grand oléoduc d’Afrique qui prend progressivement forme. 
Le pipeline qui part de Gaya, dans le sud-ouest du pays, est appelé à relier les puits pétroliers du gisement de l’Agadem, dans l’Extrême-Est, au port béninois de Sèmè. L’infrastructure longue de près de 2 000 kilomètres – dont 1 250 au Niger –, est exploité par la China National Petroleum Corporation (CNPC). Selon le Fonds monétaire international (FMI), grâce à une croissance de la production estimée à 86,2 % en 2023, le pipeline Niger-Bénin devrait multiplier par sept la capacité d'exportation de pétrole de ce pays du Sahel. L’ouvrage sera à même de transporter 4,5 millions de tonnes chaque année, soit l'équivalent de 35 millions de barils. 


Enjeu géostratégique
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