« La position stratégique du Cameroun intéresse les BRICS »

Dr Christian Pout, ministre plénipotentiaire, président du Think Tank Ceides.

Les BRICS veulent créer un ordre alternatif au système actuel, notamment en matière de financement des économies. Quelles sont les chances de réussite d’un tel projet ?
Les travaux du 15e Sommet des BRICS en cours en Afrique du Sud se tiennent dans une atmosphère globale assez tendue qui touche directement plusieurs Etats membres. Pour autant, l’influence et l’effet d’attractivité des BRICS n’ont cessé de se renforcer. Quelques indicateurs permettent de comprendre la progression permanente de ce groupe. A ce jour, les BRICS représentent près de 23% du PIB mondial, 16% du commerce mondial et 42% de la population mondiale avec environ 3,21 milliards d'habitants répartis sur 39 746 220 km2. Au plan géopolitique, les BRICS comptent deux membres permanents au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment, la Russie et la Chine, et sont tous affiliés à d’autres organisations multilatérales tout aussi importantes à l’instar du G20. 
Au regard de ces atouts, je pense qu’il est tout à fait normal de prendre très au sérieux le désir des BRICS de restructurer la gouvernance mondiale pour la rendre plus équilibrée et conforme aux intérêts de toutes les parties, en commençant par le système financier international. En effet, le constat est fait depuis longtemps que le système financier mondial actuel chapeauté par le FMI et la Banque mondiale, et dominé par le dollar, ne répond plus avec la justesse d’autrefois aux besoins et aux aspirations d’un certain nombre de pays, parmi lesquels les pays émergents. La remise en cause de ce système et de la prééminence du dollar comme monnaie de réserve et dans le commerce mondial, les transactions de change, les paiements SWIFT et de la dette, s’est accentuée avec la dénonciation de l’instrumentalisation qui était faite de ce système par des puissances occidentales, soit avec les hausses des taux d'intérêt, l’interdiction d’utiliser le dollar, soit encore avec l’adoption unilatérale de sanctions financières contre des Etats considérés comme paria par ces puissances. 

Le Cameroun entretient globalement de bonnes relations bilatérales avec chacun des pays qui forment les BRICS. Comment interprétez-vous l’invitation adressée à notre pays et sa participation inédite à ces travaux ?
La sollicitude des BRICS à l’endroit de plusieurs pays africains, en particulier le Cameroun, s’inscrit en droite ligne des objectifs prioritaires de ce bloc constitué d’Etats influents. Entre autres priorités, ils militent pour un approfondissement de la coopération Sud-Sud, celle-ci devant permettre de renforcer la coopération et la collaboration entre les pays en développement, partager les meilleures pratiques et soutenir les initiatives qui contribuent au développement global. Le thème retenu pour le Sommet de cette année, « BRICS et Afrique : partenariat pour une croissance accélérée mutuellement, un développement durable et un multilatéralisme inclusif », traduit assez bien la volonté des BRICS d’améliorer la dynamique coopérative avec d’autres Etats du continent disposant d’un potentiel générateur de profits réciproques à moyenne ou longue durée. C’est bien sûr le cas du Cameroun. En plus des relations privilégiées et fécondes qu’entretient le Cameroun avec l’ensemble des Etats membres des BRICS, je dois dire que sa contribution remarquée ces dernières années sur des sujets majeurs qui intéressent au premier degré les BRICS, à l’exemple de la refonte du système de gouvernance mondiale, a été une raison supplémentaire pour l’impliquer à ce Sommet. L’invitation adressée au Cameroun est donc une preuve s’il en était encore besoin de son rayonnement diplomatique tel qu’impulsé par le président de la République, Paul Biya, et aussi, une confirmation additionnelle de la capacité que lui reconnaisse d’autres Etats à apporter des solutions consensuelles, réalistes et inclusives pour relever les défis présents et à venir. En participant à ce sommet, le Cameroun entend une fois de plus contribuer à façonner un monde plus juste et équitable, où la volonté légitime des Etats et des peuples de vivre en paix dans des conditions adéquates, ne sera pas menacée par les égoïsmes de quelques-uns, furent-ils de grandes puissances. 
D’un autre côté, il se trouve que le Cameroun occupe une position stratégique en Afrique centrale. C’est le leader de la zone Cemac, et ses performances et capacités de résilience rassurent à l’idée qu’il puisse continuer à jouer un rôle majeur dans la sous-région, et au-delà. Le Sommet de Johannesburg réunissant également des pays qui comptent parmi les plus dynamiques au monde, il ne fait pas de doute que seront mises en avant les opportunités d’investissement au Cameroun dans des secteurs qui intéressent les BRICS comme ...

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