« Il est possible d’accélérer le rythme des actions déjà menées »

David Abouem à Tchoyi, ancien gouverneur de région, expert en décentralisation.

Près de quatre ans plus tard, quelle évaluation pouvez-vous faire de la mise en place du Statut spécial accordé aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ? 
Le Statut spécial se traduit par des spécificités dans l’organisation et le fonctionnement de ces deux régions, le respect des particularités du sous-système éducatif anglophone, ainsi que la prise en compte des spécificités du système judiciaire basé sur la Common Law. On peut l’évaluer sous trois principaux angles : les structures, les missions substantielles et l’esprit de la loi. Du point de vue des structures, tout est mis en place : l’Assemblée régionale avec deux chambres, le Conseil exécutif régional, le Public Independent Conciliator (PIC). Au sein de l’Assemblée régionale, la House of Divisional Representatives a élu ses cinq commissions et la House of Chiefs, ses deux commissions. Trois commissaires régionaux ont été désignés au sein du Conseil exécutif régional. Du point de vue des missions substantielles, les activités des deux Public Independent Counciliators sont les plus avancées : les structures de leurs cabinets ont été fixées, leurs problèmes logistiques résolus, leurs capacités renforcées et affinées, etc. Ils ont visité toutes les communes de leurs circonsriptions et reçu de nombreuses réclamations de la part des usagers des services municipaux. Ils ont apporté des réponses à des problèmes qui relevaient de leurs compétences, élaboré leur rapport annuel sur le fonctionnement des services régionaux et communaux. S’agissant de l’esprit de la loi, la mise en place des structures spécifiques dans ces deux régions répond à l’obligation de redevabilité des élus à l’égard des électeurs, la volonté de participer à la gestion de la chose publique, ainsi qu’au principe de disposer des bilans-évaluations.  

Qu’est-ce que la mise en place de la House of Chiefs et du Public Independent Counciliators a véritablement changé dans le quotidien des populations de ces deux régions ?
L’entrée en fonction du PIC a permis aux usagers d’articuler leurs griefs relatifs au fonctionnement des services municipaux et d’obtenir des clarifications. L’existence de cette institution amène désormais les gestionnaires municipaux à faire attention à leurs actions et à veiller à l’amélioration constante de la qualité du service. Les conseils donnés par le PIC ont également contribué à l’amélioration du fonctionnement des services. Sur la base de ses constatations, le PIC mène aussi un plaidoyer en faveur des communes. Son empreinte sur le fonctionnement des services est donc effective et positivement ressentie. Quant à la House of Chiefs, son entrée en fonction a renforcé le processus d’appropriation de la décentralisation par les structures traditionnelles, très respectées dans cette partie du pays. Le fait que les autorités traditionnelles disposent d’un pouvoir de décision, d’orientation, de contrôle et même de sanction rassure les populations.  

Quelle évaluation pouvez-vous de ces différentes structures ? 
Sans disposer de toutes les informations, mon évaluation est que le fonctionnement de ces structures n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Sans doute parce qu’il s’agit d’institutions nouvellement créées et qui ont besoin de parvenir à leur maturité. Certes, bea...

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