Travail parlementaire: faut-il instituer des assistants ?

Le sujet est revenu plusieurs fois dans l’optique d’aider nos parlementaires à mieux accomplir leurs tâches. Même si l’idée ne fait pas forcément l’unanimité.

Les membres des deux chambres du Parlement camerounais sont issus de divers horizons. Cette multiplicité d’expériences ne leur donne pas toujours la latitude d’avoir une maîtrise complète des dossiers ou mieux, des projets de lois qui leur sont soumis par le gouvernement. La plus complexe étant certainement la loi de finances qui doit toujours faire l’objet d’un examen par tous les parlementaires, même s’ils sont astreints à étudier tous les textes qui leur sont transmis. Combien sont-ils qui parviennent à lire entièrement les volumineux documents que le ministère des Finances met à leur disposition chaque année ou alors ceux qui leur sont transmis via des supports numériques ? Que dire des autres textes plus complexes encore qu’ils reçoivent à l’instar du récent Code pénal qui a été entièrement revu à l’initiative du gouvernement ?
C’est pour leur permettre de mieux cerner ces textes que certains n’hésitent pas souvent à demander l’instauration formelle des assistants parlementaires qui les aideraient alors dans leur travail. Cette fonction existe bien dans certaines vieilles démocraties à l’instar de la France qui s’est inspirée du modèle américain en 1975. Ici, ce « collaborateur de l’ombre » est appelé à gérer des dossiers administratifs, fournir une veille juridique sur des sujets précis et apporter son expertise juridique sur des textes variés (projets ou propositions de lois, amendements…). Il peut prendre part à la rédaction de propositions de lois ou des amendements que le parlementaire souhaite apporter à des textes qui lui sont soumis pour étude. Sur le fonctionnement de ces collaborateurs, les parlementaires français disposent d’une enveloppe mensuelle, appelée crédit collaborateur, qui leur permet de rémunérer jusqu’à un certain nombre de collaborateurs dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée ou à durée déterminée dans le cas d’un remplacement ou d’une mission ponctuelle. On comprend donc bien ici que ces personnes connues encore sous l’appellation de collaborateurs ou assistants parlementaires sont payées sur des fonds publics. Et c’est ici que naissent des avis divergents sur leur présence auprès de nos parlementaires. Car outre le mode de recrutement qu’il faudra définir, il s’agira de grever une fois de plus le budget public pour leur rémunération qui ne devrait pas être à la portée du premier venu, car ceux-ci doivent jouir de compétences avérées dans certains domaines. En clair, le recrutement des assistants parlementaires aurait pour finalité, selon les partisans de leur non-présence au sein de notre parlement, d’augmenter le budget de fonctionnement de ces institutions dans un environnement où les pouvoirs publics appellent à réduire le train de vie de l’Etat. CT ouvre le débat sur ce sujet, à quelques jours du début de la première session ordinaire de l’année législative 2017.
 

Pour

Hon. Melaga Odette: « Ce serait une bonne chose »

Député RDPC de la Menoua.

« Je crois que ce serait une très bonne chose que les députés à l’Assemblée nationale du Cameroun et les sénateurs aient des assistants parlementaires. Ceci dans la mesure où le parlementaire est souvent abandonné à lui-même dans ses fonctions alors qu’il a beaucoup à faire et n’a personne pour l’aider dans sa circonscription. Surtout en matière de doléances des populations, la mise en œuvre de certains projets et de ses tournées parlementaires. D’où l’importance d’instituer la notion d’assistant parlementaire au Cameroun, surtout que dans les grands pays, ils existent. Si l’on a des assistants parlementaires en appui, ils nous aideraient à mieux gérer les problèmes parlementaires, à recenser les différents problèmes de nos populations, à dresser les rapports des rencontres avec elles.
C’est vrai que nous avons des députés suppléants, mais ceux-ci ne peuvent pas effectuer le même travail. D’où l’importance des assistants parlementaires aux côtés des députés à temps complet, qui s’informeraient de certains aspects à l’instar de ceux du droit et se rapprocheraient des spécialistes à notre nom pour mieux expliquer leurs contours aux populations. Il faut bien le dire, les assistants parlementaires, outre le fait qu’ils peuvent s’occuper de la gestion du cabinet, peuvent nous aider dans le cadre de l’élaboration des propositions de lois, ils peuvent, au regard de l’expérience qui est la leur dans leur domaine, nous appuyer dans le cadre des tâches très techniques qui sont les nôtres. Il est important de savoir que les parlementaires viennent de divers horizons. Et par conséquent, il n’est pas toujours évident pour eux d’avoir une maîtrise complète des textes sur lesquels ils doivent travailler. Il y a un débat sur le coût de ces gens, mais la qualité du travail à rendre dans nos institutions ne devrait pas s’arrêter à ce niveau».
 

Contre

Asong Ndifor: “MPs Should Rather Have Offices In Their Constituencies”

Editorialist, The Guardian Post Newspaper.

“I think the practice all over the world is that parliamentarians have offices in their constituencies and they work permanently unlike in Cameroon where they have parliamentary sessions once in three months. Parliamentarians are supposed to be in their constituencies and report to the people. But that is not the practice because we notice that most parliamentarians do not leave in their constituencies, they stay in Yaounde and in main cities. Some go to their constituencies only during campaigns.
MPs normally are not even suppose to be given parliamentary grants because by so doing they take part in executing part of the national budget. How can they effectively control government action when they take part in the execution of the same government budget which is part of the executive arm? I think having offices and personal assistants in the National Assembly or Senate building is out of place. They should rather have offices in their constituencies and work there with a secretariat which is permanently open. For them to have offices in their constituencies, I think they need to pay them more than what they receive now. With the amount they pay them, they cannot rent offices and employ one or two persons to assist them.
Instead of giving them micro-project allowances which most of them end up not being accountable, they should use the money to open offices in their constituencies and employ people so that anybody who has a problem in the constituency can go and talk to the MP. Most parliamentarians are absentee MPs in their constituencies and even when parliament starts, most of them are seen in ministries chasing contracts. They are supposed to be debating in parliament which is their principal role. All parliamentary groups have offices where there is a secretariat where MPs can go and do whatever. Their main job is to debate bills and they don’t need offices in Yaounde”.
 

Nuancé

 Michel Ghislain Oyane: « Il y a risque d’accroître le budget du parlement »

Politologue, université de Yaoundé II.

« Le travail parlementaire, si l’on s’en tient à sa quintessence constitutionnelle conformément à l’esprit et à la lettre de la Constitution du 18 Janvier 1996, consiste globalement au contrôle de l’action gouvernementale et bien sûr à la légifération. Cette mission qui est donc importante, nécessite une réflexion stratégique et intelligible du parlementaire à travers un maniement heuristique des outils de conception, de formulation, de mise en œuvre et d’évaluation des politiques publiques. Ceci appelle notamment au lieu d’une certaine idée, une idée certaine de plusieurs disciplines des sciences sociales, humaines et bien d’autres. Au plan opérationnel, instituer des assistants parlementaires nécessite donc des recrutements de spécialistes de certains domaines tels que le droit public, les sciences du ...

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