« Une transition de deux ans est raisonnable »

Dr Simon Pierre Omgba Mbida, diplomate et internationaliste.

Un régime militaire est aux commandes au Gabon après le renversement d’Ali Bongo Ondimba le 30 août dernier. Quel commentaire vous inspirent ce changement et les premiers actes posés par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema ? 
Ce qui est arrivé au régime gabonais déchu le 30 août dernier ne m’étonne pas du tout et n’est pas surprenant. Le pouvoir en place a soigneusement créé lui-même les conditions de son éviction en s’enfermant et en s’isolant complétement du reste du monde lors des récentes élections pour espérer conserver le pouvoir à la faveur de l’instauration d’un système opaque autour de cette élection présidentielle sans journalistes et sans observateurs étrangers. C’est parce qu’ils connaissaient eux-mêmes le contexte qui ne leur était plus favorable. Le coup d’Etat a été minutieusement préparé par les militaires de la Garde républicaine proches du pouvoir et installés au sein du palais. Il n’y a eu aucune improvisation dans le processus. Le déclenchement de leur action a été déterminé par le déroulement du scrutin avec les mesures de sécurité drastiques prises par les autorités qui leur ont permis d’être déjà prépositionnés dans tous les endroits stratégiques du pays. On observe par ailleurs que les résultats officiels des élections ont été proclamés à la télévision d'Etat à 3h30 du matin. C’est 30 minutes plus tard que les militaires ont pris le pouvoir. Il est intéressant de noter que les Etats membres de la sous-région, notamment ceux de la CEEAC se sont concertés pour produire chacun en ce qui le concerne le même communiqué pour condamner ce coup d’Etat sans aucune sanction envisagée comme on a pu l’observer au niveau de la CEDEAO. Tout cela indique qu’on a pris note de la situation et qu’il n’y a plus rien d’autre à faire pour sauver le régime déchu et on avance sans autre forme de procès. Jusqu’à présent les actes posés par le président de la transition sont positifs et logiques. Ce d’autant plus qu’il prend la peine de consulter beaucoup autour de lui en essayant de ratisser large pour prendre la juste décision. Donc, c’est quelqu’un qui est ouvert au dialogue. La preuve est qu’il a libéré l’ancien président de la République, Ali Bongo Ondimba, qui est désormais autorisé à sortir tranquillement du pays.

Le Premier ministre nommé parle d’une transition de deux ans, alors que la Charte de transition n’est pas assez claire sur la durée de celle-ci, l’éligibilité ou non de ses membres. Ne faut-il pas craindre que ce vide juridique entraîne d’éventuels glissements ?  
Je pense bien que le général Brice Oligui Nguema qui est issu du système et qui connaît les problèmes du pays voudrait bien se démarquer en faisant les choses autrement pour éviter de subir très rapidement une bousculade d’un autre groupe de mécontents qui pensera venir faire mieux que lui. Je crois sincèrement que le délai de deux ans que s’est donné le gouvernement de transition pour faire les réformes annoncées et mettre en place les nouvelles institutions est raisonnable eu égard à la taille du chantier qui est devant eux et aux enjeux multiples et multiformes de cette transition pour le peuple gabonais qui attend et espère une sérieuse et rapide amélioration de ses conditions de vie. La durée de la transition est désormais connue, il n’y a donc pas d’inquiétudes à avoir à ce stade. Les choses vont se gérer dans ce cadre temporel spécifique. Donc, observons les nouvelles autorités et voyons ce qu’il va se passer dans les jours et les mois à venir. Le nouveau Premier ministre a indiqué que le processus des réformes sera inclusif. Il appartient effective...

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