« Il faut mettre sur pied des outils innovants »

Arnauld Kingue Etame, expert en développement de l’Agribusiness.

Le gouvernement et les établissements de microfinance viennent de signer des conventions de financement dans le cadre de la mise en œuvre du programme de valorisation et de transformation des produits agricoles et agroalimentaires. Qu’est-ce que cela représente pour le secteur agro-pastoral généralement en panne de financement ?
Sur le principe, c’est une bonne idée et une bonne approche. Ce pourrait être une bonne bouffée d’oxygène pour ce secteur d’activité qui est la base de développement de toute économie. La promotion des investissements productifs est une mission régalienne. Donc le Gouvernement entre bien dans la sphère de ses compétences et nous devons l’encourager à défaut de le célébrer. En fait ou en résumé, ce sont 22 établissements de microfinance (Emf) qui ont des conventions avec le Programme d’appui à la stratégie nationale de la finance inclusive (Pasnfi) dans le cadre de la réalisation des activités de la composante II du programme intégré de valorisation et de transformation des produits agricoles et agroalimentaires (Transfagri). L’objectif est donc double ; l’inclusion financière à travers l’amélioration de la qualité, de la disponibilité et l’accessibilité de l’offre de produits financiers d’une part, et la valorisation et transformation des produits agricoles et agro alimentaires d’autre part. 
En ce qui concerne les acteurs éligibles en priorité, ce seront les populations les plus défavorisées dans les zones rurales des régions de l’Adamaoua, de l’Est, du Centre, de l’Ouest, du Nord et du Littoral. Avec l’appui de l’Agence Française de Développement (AFD), ce soutien en même temps permettra de renforcer le développement économique local et soutenir la création d’emplois durables. Les EMF sélectionnés dans ces zones rurales permettront de développer les capacités des cibles visées et d’améliorer leur accès aux services financiers et se sont déjà engagés à co-financer l’appui qu’ils recevront de l’AFD à hauteur de 20%. Toutefois, les expériences amères et les errements du Crédit Agricole et du FONADER ne devraient plus être reproduits
De manière globale, on constate que ce n’est pas un secteur qui fait particulièrement courir les investisseurs. Qu’est-ce qui les freine autant?
Le problème du foncier reste et demeure une préoccupation très importante. A qui appartiennent les terres disponibles ? Comment les acquérir et les sécuriser juridiquement ? C’est la problématique de base, voire majeure. Autres freins qui rentrent dans le coût des facteurs : infrastructures pour l’évacuation des produits, disponibilité permanente et à un coût abordable de l’énergie, intrants …Il y aussi une absence d’un cadre règlementaire et législatif approprié destiné au financement du secteur agricole. Il se pose par ailleurs le problème de la taille des marchés en ce qui concerne les débouchés commerciaux éventuels.

Au-delà des appuis de l’Etat et des organismes internationaux, comment les établissements de crédit et de microfinance peuvent-il s’organiser pour financer les activités agropastorales ?
Elles doivent d’abord disposer en interne de professionnels compétents et aguerris aux problématiques du secteur agro industriel. En d’autres termes, ils doivent bien connaître les activités qui entourent ce secteur d’activité multi forme et avec des spécificités particulières. Un certain nombre d’entreprises vont être formées et elles seront accompagnées par des experts qui vont leur apprendre un peu le métier. Les EMF doivent en outre concevoir des produits et services qui répondent aux besoins et attentes de cette clientèle-cible. Le recours à des consultants externes au moment des études ou instructions des dossiers de financement sera nécessaire ou le recrutement des ingénieurs agronomes formés aux techniques de financement serait un atout 

Existe-t-il d’autres outils financiers innovants destinés à ces activités ? Si oui comment les mettre à profit pour que le Cameroun vive une véritable révolution agricole ?  
La convention a prévu des produits bien adaptés à savoir : le warrantage (forme de nantissement sans dépossession, l’agriculteur empruntant sur la base de la valeur des biens qui lui sont propres dans son exploitation) l’agriculture contractuelle (contrat entre  producteur/exploitant vendeur et un ou plusieurs acheteurs) le micro leasing (acquisition du matériel), le cautionnement mutuel pour leurs membres (coopératives, GIE et associations) et la digitalisation des produits financiers. Il appartient tout de même aux EMF de mettre sur pied d’autres outils innovants avec l’aide des fintechs qui opèrent dans le secteur agricole. A ce titre if faut prendre en compte ce tableau qui indique les attentes des populations en ce qui concerne la digitalisation de l’agriculture (Sondage réali...

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