« Il y a un marché rentable »

De plus en plus de banques se lancent dans la création d’établissements de microfinance. Quelles raisons peuvent expliquer cela ?
Le secteur de la microfinance au Cameroun est en pleine expansion et attractif pour les investisseurs du secteur bancaire et hors bancaire. On assiste véritablement à une bancarisation accélérée au bas de l’échelle par les microfinances que par le haut de l’échelle des banques classiques. Le secteur est en phase d’être l’un des moteurs durables de l’inclusion bancaire et financière à l’horizon 2030. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle on assiste à la création de ces établissements de microfinance (Emf) par des banques classiques comme c’est le cas de la récente création de l’Agence bancaire pour le commerce (ABC) détenue par le groupe Neptune Holding Company. Le secteur est caractérisé par une profusion d’Emf et un ratio élevé de la microfinance par rapport aux banques, soit 21 banques et 388 Emf recensés par le ministère des Finances (Minfi) en 2023.  La contribution des Emf au financement de l’économie est évaluée à 12% en 2021. Selon les données du Minfi et du Comité national économique et financier (Cnef) de 2021, le bilan total des Emf a augmenté de 16.41% (comparé à 15.4% pour les banques), les dépôts de la clientèle ont augmenté de 16.58% (comparé à 15.9% pour les banques) et les crédits octroyés à la clientèle (ménages, Pme) ont augmenté de 18.70% (comparé à 6.2% pour les banques). A cela, il faut noter que le nombre des comptes actifs au sein des Emf est passé de 2,4 à 2,7 millions, soit une hausse de 14.09%, représentant 41.1% de l’ensemble des comptes bancaires ouverts au Cameroun. Au vu des chiffres du secteur, il y a donc une opportunité et un marché rentable pour les investisseurs et banques de créer des Emf ou de racheter des Emf existantes. Ce d’autant plus que la projection de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 est de porter le nombre des Emf à 750 en 2030.

La maîtrise de l’environnement économique et du marché bancaire par ces banques de premier ordre peut-elle contribuer à la création des Emf par les banques ?
Les chiffres positifs du secteur des microfinances vont continuer d’attirer les investisseurs et d’entrainer des opérations d’acquisition des Emf par les banques classiques et de fusion entre Emf.  En général, les banques ont un modus operandi qui comprend la prise en compte des opportunités, de l’investissement, du financement et de la rentabilité qu’offrent aujourd’hui les 388 Emf en activité au Cameroun en termes du nombre de clients, de la densité géographique, du nombre de points de service, de la proximité avec les populations, des offres adaptées aux...