« Cette période de mobilisation permet de préparer le terrain »

Pr. Alphonse Amougou Mbarga, enseignant de science politique, Université de Douala.

Les prochaines élections législatives et municipales, ainsi que la présidentielle sont prévues pour 2025. Quel est l’intérêt pour certains partis politiques de se mobiliser dès maintenant à moins de deux ans de cette échéance ?
Il faut comprendre qu’aucune élection ne ressemble à une autre. Pour 2025 au Cameroun, il n'y a pas trois élections, mais 360 circonscriptions électorales pour les municipales, 85 circonscriptions pour les législatives et une circonscription électorale pour la présidentielle. Les partis politiques peuvent commencer à se mobiliser pour rechercher de bons candidats pour chaque scrutin, pour refaire leur union interne, pour envisager des alliances stratégiques avec d’autres partis politiques en fonction du maillage territorial et des moyens dont ils disposent. Pour une circonscription municipale par exemple, il faudra être capable de trouver le nombre de candidats requis par la loi. Pour certains partis politiques, on peut avoir un trop plein de candidats et il faudra des arbitrages. Pour d’autres aussi, il y a un vide et il faudra trouver des personnes qui sont prêtes à s’engager. Cette période de mobilisation permet donc de préparer le terrain. Cela peut être également valable pour les législatives.
S’agissant de l’élection présidentielle, c’est généralement, mais pas toujours, le président du parti qui est le candidat du parti. Et là encore, il faut pouvoir s’organiser pour se donner des chances de gagner. En dehors de trouver les hommes, il faut trouver les moyens financiers et matériels qui vont avec. Une élection coûte cher humainement et financièrement. Et faute de l’avoir compris, les partis politiques courent à l’échec ou alors réduisent leurs chances de victoires. 

Ce cycle électoral débute dans moins de deux ans environ. En attendant, comment maintenir l’engouement ?
Conformément à l’article 3 de la Constitution du Cameroun, les partis politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils sont donc partie prenante du jeu électoral. De plus, en dehors de l’élection présidentielle qui autorise les candidatures indépendantes (article 121 du Code électoral), les autres élections sont monopolisées par les partis politiques (article 181 du Code électoral). Par ailleurs, le législateur n’a pas fixé aux partis politiques les moments de mobilisation, il exige seulement d’agir conformément à la loi. Les deux semaines de campagne électorale interviennent quand le processus est déjà en marche. Tout le travail doit donc se faire en amont. Ainsi on peut constater que le RDPC est en tournée à travers son secrétariat général, le SDF et le MRC ont annoncé des congrès. C’est à travers des événements comme ceux-là que les partis politiques restent présents sur la scène politique et se restructurent. Cela permet de ressouder la structure en convaincant ceux des militants toujours actifs et tout en conquérant de nouveaux espaces politiques.
Si l’élection présidentielle cristallise les attentions, il y a les autres élections où se jouent et se brisent des carrières politiques. Certains partis politiques payent aujourd’hui le refus de participer aux élections législatives et municipales de février 2020. On y voit une débandade et une peur de ne pas exister en 2025 au cas où les élections seraient couplées ou alors le mandat des députés et des conseillers serait prorogé pour faire face aux défis économiques et organisationnels. Faudrait-il le rappeler, tout parti politique susceptible de présenter un candidat à l’élection présidentielle devrait avoir au moins un militant ayant le statut d’élu conformément aux dispositions de l’article 121 alinéa 2 du Code électoral. Au stade actuel, il n’y a que 18 part...

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