Emmanuel Nganou Djoumessi: «Le BTP joue un rôle propulseur

Monsieur le ministre, quelle est votre appréciation du secteur du bâtiment et des travaux publics au Cameroun?
En vous remerciant de m’associer à cet exercice visant à éclairer vos lecteurs sur un secteur porteur de la croissance, celui du bâtiment et des travaux publics, je dois dire, que ce secteur est en développement : les infrastructures, les routes et les bâtiments, etc., se construisent avec leurs effets d’entrainement que sont la création des emplois et l’implantation des unités de production. Le bâtiment et les travaux-publics jouent un rôle propulseur pour l’ensemble de l’économie. D’une manière générale, on peut affirmer que du fait de la mise en œuvre des grands projets d’infrastructures en cours, le secteur bâtiment et travaux publics connaît une véritable expansion au Cameroun. Les sous-secteurs routiers et bâtiments en particulier sont ceux qui permettent véritablement de juger de la bonne santé du secteur bâtiment et travaux publics, en raison de la construction de nouveaux axes routiers d’une part, du relèvement de la qualité des infrastructures sportives par exemple, ou même simplement la construction de nouvelles infrastructures, en rapport à l’organisation des Coupes d’Afrique des Nations. 
Le secteur du BTP connaît aujourd’hui un dynamisme porté par les multiples chantiers en cours à travers le pays. Qu’est-ce qui est fait pour permettre aux petites et moyennes entreprises nationales de tirer profit de ces différents marchés dans un environnement fortement concurrentiel?
Il est important ici de relever le caractère concurrentiel de l’environnement du secteur BTP, en rapport avec nos petites et moyennes entreprises. Loin de constituer un obstacle, cet environnement concurrentiel soumet les PME à de nombreux défis dont ceux de la compétitivité et de la filialisation. Des projets de grande envergure sont actuellement en cours et qui donnent la possibilité aux PME de sous-traiter certaines prestations. Le cas du second pont sur le Wouri en cours de construction en est une parfaite illustration. Il faut aussi préciser que parallèlement à l’exécution des travaux, s’adosse un ensemble d’aménagements connexes dont les travaux sont en général exécutés par les PME. Il s’agit pour la plupart de l’aménagement des voies de récolte, des routes rurales, du bitumage de voies secondaires, de l’aménagement des écoles, de la construction de centres de santé et autres infrastructures socio-économiques. Des programmes spécifiques qui permettent aux PME compétitives de bénéficier de la réalisation de grands projets, lorsqu’elles n’interviennent pas comme sous-traitantes, avec en plus, un impact sur l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines. Pour le cas de la route Batchenga-Ntui-Yoko-Lena, le montant de ce type d’aménagement est de 2,5 milliards de F.
Sur le plan institutionnel, un processus de catégorisation des entreprises du secteur bâtiment et travaux publics est en cours dans le but justement de favoriser la compétitivité de ces dernières. À terme, ce processus permettra de faciliter la création de filiales dans le secteur BTP à l’instar de celles de la production et du transport des agrégats, de la fourniture des produits innovants, etc. 
Par rapport aux grandes entreprises présentes dans ce secteur, quel regard portez-vous sur la prestation des entreprises camerounaises?
À l’observation du comportement des entreprises camerounaises, il en découle une appréciation mitigée. D’une part, il existe des entreprises performantes dans le domaine de la construction et dont les prestations sont appréciées, à condition que ces entreprises parviennent à faire le bon équilibre entre leurs capacités et le volume des travaux à réaliser, très souvent sur plusieurs projets. D’autre part, certaines entreprises ne sont pas parvenues jusqu’ici à franchir le cap de la compétitivité, avec un impact négatif sur l’exécution des projets. En tant que maître d’ouvrage de projets, nous recommandons aux entreprises camerounaises de mutualiser leurs efforts et leurs moyens. Les investissements massifs nécessitent une spécialisation, d’où l’appel à la filialisation et à la spécialisation. 
S’agissant de la qualité dans la construction des bâtiments, quel est le rôle du ministère des Travaux publics au niveau du contrôle?
Le ministère des Travaux publics assure le contrôle de l’exécution des travaux de construction des infrastructures et des bâtiments publics conformément aux normes établies. Cette mission s’exerce dans le cadre des projets, à toutes les étapes du cycle de vie de ces derniers. S’agissant du cas précis de la construction des bâtiments, le ministère des Travaux publics est chargé du contrôle de l’application de la réglementation relative aux constructions civiles, en liaison avec les maîtres d’ouvrage. Le rôle d’ingénieur de l’Etat est véritablement accentué en matière de construction des bâtiments où l’expertise technique du ministère des Travaux publics est sollicitée aussi bien dans la préparation des dossiers d’appel d’offres,  des projets de marchés que dans l’exécution des travaux proprement dits.
2016 pourrait être qualifiée « d’année noire » pour ce secteur si l’on se limite à la série de contrats résiliés pour défaillance des entreprises dans le secteur de l’entretien routier notamment. Ces contreperformances peuvent-elles à la longue affecter la santé de ce secteur?
Contrairement à ce que vous pensez, l’année 2016 a constitué le temps d’un nouveau départ dans le domaine de l’entretien routier. Une nouvelle façon de suivre les contrats d’entretien routier a été adoptée à travers l’instauration d’une veille qui a permis d’identifier les contrats inopérants ou mal exécutés ; d’identifier les projets issus des programmes d’entretien antérieurs et dont les délais d’exécution sont dépassés ; d’identifier les obstacles à la bonne exécution des projets d’entretien routier entre autres. Un processus d’apurement des contrats d’entretien routier a donc été lancé en décembre 2015, dans le but de voir clair dans l’exécution des projets d’entretien routier. Une démarche motivée par l’écart entre le volume des contrats actifs à ce moment-là et le mauvais état du réseau routier. La...

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