Monde rural : le nécessaire accompagnement

Les problèmes du monde rural ont été débattus à l’occasion de la première édition du Salon africain de la femme rurale tenue du 13 au 18 novembre dernier à Yaoundé, sous le haut patronage de la p              remière dame, Chantal Biya. Thème des travaux : « La femme rurale, mamelle nourricière de l’Afrique : comment capitaliser son savoir-faire pour en faire une meilleure productrice de richesse ? ». Si ce thème s’est appesanti sur un rouage essentiel du monde rural, à savoir, la femme rurale qui représente la majeure partie de la main d’œuvre agricole, il a également eu le don d’évoquer les problématiques transversales qui freinent l’essor du monde rural en Afrique. L’exposition du savoir-faire des femmes à l’esplanade du Palais des sports de Yaoundé a donné un aperçu de ce que les femmes de nos contrées sont capables de produire et de transformer à leur petite échelle. Dans des conditions généralement difficiles en effet, elles approvisionnent en produits vivriers et halieutiques nos villes et villages. Mais, elles peuvent faire mieux, c’est-à-dire, augmenter les quantités produites et créer de la valeur ajoutée, en maîtrisant les techniques de conservation et de transformation des matières premières pour conquérir des marchés avec des produits manufacturés.                                                                                                                        
Une question se pose cependant. Comment y parvenir alors que le monde rural africain est confronté à une kyrielle de difficultés ? Au Cameroun en tout cas, la situation n’est pas des plus reluisantes. Les femmes rurales comme les autres acteurs évoluant dans le même biotope font face aux problèmes d’enclavement qui rendent difficile l’accès aux exploitations familiales et l’évacuation des produits vivriers vers les marchés. L’eau potable et l’énergie électrique n’y sont pas également la chose du monde la mieux partagée. Sans électricité, entretenir des chaînes de froid et faire tourner de petites machines de transformation sont une gageure. Conséquence, on déplore des pertes post-récoltes énormes et le cap de la création de la valeur est difficilement franchi.   
Que dire des difficultés liées au financement des activités agro-pastorales ? Sans garanties solides présentées par les acteurs ruraux en quête d’argent, les banques commerciales classiques ainsi que les établissements de microfinance ne leur accordent que très peu de crédits, d’autant plus que ces institutions ne gèrent pour l’essentiel que des dépôts à vue. L’absence d’une banque agricole continue de plomber le financement adéquat du secteur.                                                                                                                        
Par ailleurs, l’accès à la terre dans la plupart des sociétés patriarcales est une autre équation à résoudre par les femmes rurales. Quand leurs conjoints décèdent, elles sont parfois expulsées et dépossédées par la belle famille. Et lorsqu’elles ne sont pas mariées, elles sont souvent victimes de la discrimination au sein même de leur propre famille. Pour produire en grande quantité, ces chevilles ouvrières manquent aussi d’intrants (semences à haut rendement, engrais chimiques ou organiques, fongicides, pesticides, machines agricoles pour labourer et récolter). Dans ces conditions, le travail agricole devient pénible et peu attractif. Il n’intéresse pas beaucoup les jeunes qui sont nombreux à s’exiler vers les villes où ils grossissent les rangs des conducteurs des motos-taxis et des autres acteurs de l’économie informelle. Cet exode vide ainsi le monde rural de la force de travail qui devait être l’un de ses moteurs. Il n’est donc pas surprenant aujourd’hui que la majorité de la population agricole soit constituée de femmes. La plupart des hommes concernés ayant la force déclinante. Les aides ponctuelles ainsi que les initiatives insuffisantes des gouvernements au profit des jeunes et des femmes rurales ont une portée limitée et ne créent pas la masse critique nécessaire pour changer la donne.                                                      
En outre, les changements climatiques bouleversent le calendrier agricole. Faute d’équipements d’irrigation, la non-maîtrise de l’eau couplée aux techniques culturales archaïques (utilisation des outils rudimentaires) ne permet pas de booster les rendements. Dans le cadre de la décentralisation, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) au Cameroun a transféré aux communes la compétence relative au désenclavement des bassins de production pour les routes communales à vocation agricole. Mais, à peine 8,5 milliards de F. sont consacrés à cette tâche dans l’ensemble des 360...

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