« Produire 60% de vaccins en Afrique à l’horizon 2040 »

Le Pr. Nicaise Ndembi, conseiller principal auprès du directeur général de Africa CDC détaille les subtilités et les enjeux de la création des usines de production de vaccins en Afrique.

La troisième édition de la Conférence internationale annuelle sur la santé publique en Afrique vient de confirmer que la production des vaccins sur le continent est loin d’être un slogan. Expliquez-nous les subtilités de ce projet.
Il faut qu’il soit clair dans les esprits que l’Afrique a toujours produit des vaccins. L’Institut Pasteur de Dakar produit des vaccins contre la fièvre jaune  depuis au moins 50 ans. Les pays de l’Afrique du Nord produisent des vaccins contre le choléra et bien d’autres. L’Afrique du Sud produit des vaccins. C’est donc un terrain sur lequel l’Afrique a de l’expérience. Aujourd’hui, il est davantage question de l’expansion et de l’augmentation de l’offre afin de  permettre au continent de sortir d’une extrême dépendance qui n’a que trop duré. Et même si l’Afrique subit une dépendance de l’ordre de 99%, il faut reconnaître qu’elle produit quand même des vaccins et a une longue expérience dans ce domaine. Toutefois, il y a des gammes nécessaires où l’Afrique est absente dans la production.
De la naissance jusqu’à son deuxième anniversaire, un bébé africain a besoin d’au moins 12 doses de vaccin. Sur ce nombre, combien sont-ils fabriqués sur le continent ? That’s the question! Voilà la problématique. Là se situe aussi le challenge des Africains.
L’Afrique produit tout de même, Toutefois, il y a des gammes de vaccins nécessaires où l’Afrique est absente dans la production. De la naissance jusqu’à son deuxième anniversaire, un bébé africain a besoin d’au moins 12 doses de vaccins. Sur ce nombre, combien sont-ils produits en Afrique ? That’s the question ! Voilà la problématique! Et là se situe aussi le challenge des Africains.


Sur quoi s’appuie un si grand projet ?
Pendant la pandémie du COVID-19, l’Union africaine a mobilisé les moyens pour acquérir les vaccins pour les Etats membres. Les vaccins chinois, russes et les vaccins occidentaux sont entrés sur le continent à l’effet de sauver des vies. Deux milliards de dollars ont été ordonnés et 400 millions de doses de vaccins achetés. Ces doses ne pouvaient pas suffire à satisfaire la demande. C’était une épreuve d’obtenir déjà ce peu. Quinze Etats africains ont décidé de s’engager dans la voie d’accroissement de la production de manière à être prêts à prévenir les futures pandémies et autres épizooties. Cette politique d’autosatisfaction des besoins en matière vaccinale est axée sur cinq piliers : les essais cliniques. Seulement 2% des essais cliniques sur les vaccins ont lieu en Afrique. L’accès au financement est un autre pilier.
Il faut des fonds pour encourager la recherche et l’innovation. La fabrication des vaccins commence par la recherche, car il existe une phase préclinique qui est la phase de conception : c’est la phase de la recherche. Si on ne peut pas financer la recherche, il vaut mieux oublier le projet de production de vaccins. Il s’agit ici de la recherche fondamentale qui se veut pointue. On ne peut pas découvrir si on ne fait pas de la recherche. L’Afrique doit investir dans ce secteur. Les pays qui produisent les vaccins sont ceux qui ont investi dans la recherche et l’innovation. L’Afrique du Sud et  l’Egypte se saignent dans ce domaine. Il faut mettre des moyens. Il n’y a pas deux chemins à prendre.
Le troisième pilier concerne la réglementation. Il faut que les produits soient de qualité, il faut qu’ils soient compétitifs sur le marché. L’acceptation de ces produits par les populations sera également un aspect très important qui constitue aussi l’autre pilier. Car les vaccins seront produits pour être consommés.


Quel sera l’apport ou le soutien des non-Africains dans le projet de production des vaccins en Afrique ?
L’ambitieux projet d’expansion des industries de production de vaccins ne peut pas réussir sans le développement d’un partenariat fort et diversifié. C’est un volet essentiel dans l’atteinte des objectifs. A l’horizon 2040, le but est de parvenir à produire 60% de vaccins sur le continent. Il s’agit de multiplier l’offre d’aujourd’hui par 60. Un énorme défi! Il est important d’avoir une visibilité sur le marché mondial des vaccins. L’ambition d’exportation de ces produits sortis des usines a...

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