Interview : « nous devons rechercher l’harmonie en tout temps »

L’éclairage de Marie Thérèse Abena Ondoa, ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille.

 

Madame le ministre, depuis début 2023, le Cameroun a officiellement enregistré 56 cas de féminicides, sans compter d’autres violences dissimulées dans les foyers. Comment comprendre cette persistance ?
Merci pour l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer dans le cadre de la campagne mondiale « 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles », pour décrier une fois de plus, les violences subies par les femmes et les filles au Cameroun.
En effet, depuis le début de cette année, l’on enregistre à date, 58 cas de féminicides connues, sans oublier toutes les autres formes de violences dont sont victimes les femmes et les filles au quotidien dans les familles, les communautés, le milieu professionnel, les marchés et j’en passe. Ces violences sont des violations des droits humains et elles persistent parce que les victimes ne veulent pas les dénoncer.

Le silence des victimes, la méconnaissance de leurs droits et l’ignorance des voies de recours en la matière perpétue la violence car les auteurs se sentent invincibles car impunis et continuent leur sale besogne. Sur un autre plan, nous pouvons relever la faible application des textes relatifs à la protection des femmes et des filles au Cameroun, une crise de santé publique et un obstacle majeur au développement durable. Cette persistance trouve également ses fondements dans une injustice sociale entretenue par le patriarcat, les préjugés sexistes, les pratiques occultes et le contexte de crise. Notre culture est encore dominée par les hommes, ce qui rend les femmes vulnérables.

Rejoignez-vous ceux qui pensent que les actions fortes doivent à présent être engagées pour stopper cette montée en puissance de la violence ?
Trop c’est trop ! Nous tous qui luttons contre les violences faites aux femmes, devons œuvrer, main dans la main, pour mener des actions d’envergure. Le thème choisi pour cette 17ème édition de la campagne « 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et filles cette année à savoir : « Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles », appelle chacun d’entre nous à agir.

Pour cela nous devons : Renforcer les lois et politiques globales de protection des droits des femmes dans tous les domaines, c’est dans cette lancée que l’avant-projet de loi sur les violences basées sur genre est en cours d’élaboration ; promouvoir l’accompagnement des hommes dans la lutte contre les violences faites aux femme à travers la masculinité positive ; améliorer la prise en charge holistique des survivantes à travers le renforcement des capacités des différents intervenants (travailleurs sociaux, officiers de police, personnel médical, magistrats…) ; accentuer l’accompagnement et la répression des auteurs de violences, où qu’ils se trouvent et renforcer la sensibilisation en vue du changement de comportement.
Ensemble, levons-nous et exprimons-nous pour construire un monde qui refuse de tolérer la violence à l’égard des femmes, où que ce soit et sous quelque forme que ce soit, une fois pour toutes.

Que fait votre ministère pour prévenir ou traiter de tels drames lorsqu’ils surviennent ?
La lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles est multisectorielle et la prise en charge est holistique.  Le Minproff à travers l’accueil et l’écoute des survivantes constitue l’une de leurs portes d’entrée pour bénéficier d’un accompagnement psychosocial, avant d’être référencé, selon le cas, vers la structure d’accompagnement (sanitaire, judiciaire, juridique, économique). Ceci peut se faire soit au niveau central ou par l’intermédiaire de nos structures de terrain à savoir les délégations d’arrondissement, départementales, régionales, les Centres de Promotion de la Femme et de la Famille, les centres d’accueil pour femmes en détresse, les Call Center et autres espaces sûrs. Ces structures s’attèlent à apporter un soutien à la limite des moyens qui leur sont alloués.

Pour mener à bien cette lutte, le Minproff bénéficie de l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, des organisations de la société civile et du secteur privé, pour ce qui est du renforcement des capacités des acteurs de la chaine d’intervention, la mise sur pied et le fonctionnement des structures de protection, et la sensibilisation des populations.  La société civile et les leaders traditionnels et religieux ne sont pas en reste. Des plateformes de lutte contre les violences faites aux femmes sont en train d’être mises en place, au niveau national, régional, départemental et local pour améliorer cette prise en charge. Le Minproff a élaboré une stratégie de lutte contre les violences faites aux femmes et un plan d’action y afférents.

S’agissant de la prévention des violences, comme vous le savez, c’est dans la famille et les communautés que les violences sont plus visibles. C’est la raison pour laquelle la sensibilisation pour un réel changement de comportement doit y débuter. Les parents ont un rôle très important à jouer à travers l’éducation à la non-violence, au respect d’autrui, la tolérance. Cette sensibilisation continuera dans les communautés pour s’étendre à la société entière sur les rôles assignés aux hommes et aux femmes, aux filles et aux garçons ainsi que les stéréotypes et qui favorisent la violence à l’égard des femmes. Pour c...

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