Circulation des armes blanches : une bataille à ne pas perdre

Une vidéo livrée par une caméra de surveillance devant un magasin de la ville de Yaoundé, a été abondamment partagée par les internautes il y a quelques jours. Elle montrait une jeune femme froidement agressée par un homme, à l’aide d’un long couteau bien


L’infortunée, à en croire des témoignages concordants, avait trouvé un abri, le temps d’une averse matinale. Cette image illustre avec effroi, le quotidien et la dangereuse proximité avec les armes blanches. Il s’agit, au sens de la loi n° 2016/015 du 14 décembre 2016 portant régime général des armes et munitions au Cameroun, de « toute arme dont l'action perforante, tranchante ou brisante n'est due qu'à la force humaine ou à un mécanisme auquel elle a été transmise, à l'exclusion d'une explosion ».

Le droit humanitaire est plus précis dans sa définition. « Il s’agit de toutes ces armes offensives ou tranchantes en fer ou en acier comme les poignards, épées, machettes, couteaux, baïonnettes, etc. Leur emploi est limité par les normes générales du droit humanitaire interdisant d’attaquer des non-combattants, de tuer ou de blesser par trahison et de provoquer des maux superflus ou des souffrances inutiles (règlement de la convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre, art. 23). »
Dans les taxis, dans les marchés, et même dans le voisinage, couteaux limés avec précaution, machettes prêtes à usage (malsain), sont pointés contre les usagers. C’est l’ère des agressions rapides, sans éclat de voix, avec pourtant un traumatisme produit par l’effet de l’arme blanche. Si la femme dans la vidéo susmentionnée a pu se faire agresser en pleine matinée, devant un magasin en bordure de route, vous imaginez bien ce qui peut se passer derrière les hangars d’un marché de volailles, par exemple. Et dans les taxis alors, on frôle le drame. Les commissariats de nos grandes métropoles sont bondés de plaintes contre X pour agression dans les voitures de transport urbain. Les plaignants, dans plusieurs cas, disent avoir été violentés à l’aide d’armes blanches. Et parfois, ce n’est pas seulement pour faire peur. En cas de résistance, l’arme dite blanche est teintée de quelques gouttes de sang humain.
A Douala, le phénomène des « Microbes » utilise des armes blanches. Ces jeunes armés de couteaux et de machettes qui ont agressé des populations, parfois dans des églises, étaient devenus une grave menace pour la sécurité. Mais la grande inquiétude, face à cette insécurité tranchante, c’est l’entrée de ce phénomène en milieu scolaire. Dans les établissements, des fouilles régulières des élèves par les autorités compétentes, livrent des résultats à la fois curieux et alarmants. Désormais, on court après un canif dans un marché comme si c’était une fourniture scolaire. Avec la drogue, les élèves trouvent déjà la force de s’armer. Pas surprenant alors qu’on parle d’un élève poignardé par son camarade, ou d’un enseignant blessé par son élève. Ici, l’expression « je vais te limer » n’est pas une figure de style. C’est l’expression de la réalité. C’est la réalité tout court.
Le mal est donc là. Profond et persistant. La circulation des armes blanches et, par voie de conséquence, son usage incontrôlé et injustifié, inquiète. C’est que, les armes blanches se trouvent entre les mains des personnes sans scrupules. On parle de près de 7000 armes de cette nature en circulation. Ce qui rend délicate voire problématique, la sécurité du pays et des populations. Une situation qui interpelle. C’est ainsi que les députés ont souvent exprimé leur inquiétude pour la sécurité des citoyens, face à ce phénomène. Malgré sa complexité, la lutte accrue contre la circulation des armes légères s’impose. Les députés, membres de la Commission de sécurité et de la défense nationale de l’Assemblée nationale, ont notamment appelé, il y a quelques jours, au renforcement du contrôle afin de limiter la circulation des armes blanches. Un rappel de parlementaires qui se situe dans le prolongement des interpellations régulièrement formulées par le président de l’Assemblée nationale. Le Très honorable Cavaye Yeguié Djibril qui, dans un discours d’ouverture de session en 2017, faisait déjà remarquer que l’un des moyens de résistance et de violence de terroriste, était la facilité avec laquelle ils parvenaient à acquérir les armes blanches.
Dans ce contexte, les pouvoirs publics sont montés au front. D’abord à travers la mise sur pied d’un instrument juridique qui réglemente l’utilisation et la circulatio...

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