« Un tournant décisif dans les relations bilatérales »

Souleymanou Amadou, enseignant-chercheur à l’Université de Douala, spécialiste des relations trans-impériales Afrique-Asie-Europe.

Le président de la République, Paul Biya, a décidé mardi dernier, de l’ouverture de l’ambassade du Cameroun à Séoul, en République de Corée. Quelle analyse en faites-vous ?
L’ouverture de l’ambassade du Cameroun en Corée du Sud après 64 ans de rapports de coopération plus ou moins harmonieuse marque un tournant décisif dans les relations bilatérales entre ces deux Etats amis. Elle permet désormais au Cameroun de disposer d’une représentation diplomatique autonome à Séoul. A travers cet acte, le Cameroun marque à la fois son ambition d’être plus présent dans la sphère diplomatique asiatique et sa volonté de répondre de manière pragmatique aux ambitions de la Corée du Sud en direction du Cameroun.

L’année dernière a vu la visite inédite du Premier ministre coréen dans notre pays. Qu’est-ce qui explique l’offensive coréenne au Cameroun ?
L’offensive coréenne est avant tout stratégique et économique. Dans son ambition de se positionner en Afrique, je pense qu’elle a compris que le Cameroun serait un partenaire capable de lui permettre d’atteindre ses objectifs. Pour mémoire, la coopération Cameroun-Corée du Sud date du début des années 1960. Elle fut traduite par l’établissement de relations diplomatiques, l’échange des ambassades et la signature de nombreuses conventions dès juin 1960. Jusqu’à la fin de la décennie 1980, les rapports entre ces deux pays furent modestes mais fort symboliques au vu du contexte idéologique qui prévalait. Au début des années 1990, cette puissance émergente fut contrainte, suite à la crise économique qui avait pignon sur rue, de fermer temporairement sa représentation diplomatique du Cameroun et de mettre en berne ses rapports de coopération bilatérale avec ce dernier. La réouverture de cette mission intervient au début de la décennie 2010. Cette situation fut encouragée par la découverte sur le territoire camerounais de nombreux gisements de ressources naturelles rares.
La réouverture de l’ambassade sud-coréenne donna lieu à une déclaration à Yaoundé du ministre d’État coréen, vice-ministre des services du Premier ministre pour le développement de la politique gouvernementale, Park Young June. Ce dernier affirmait que : « L’année 2012 a été déclarée par le président coréen, Lee Myung-bak, année de la coopération entre la Corée et l’Afrique et le Cameroun a été choisi comme pays pilote pour matérialiser l’importance que mon pays accorde au continent noir ». À travers cette déclaration, les autorités sud-coréennes affichaient clairement leur volonté à la fois de se repositionner au Cameroun en essayant de gagner des parts importantes de ce marché ouvert et riche en ressources naturelles. 

Que doit faire le gouvernement pour capitaliser davantage cette relation ancienne de plus de 60 ans ?
Afin de capitaliser davantage cette coopération, il est impératif que le ...

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