« Le gouvernement peut mettre sur pied des cadres de concertation »

Pr. Jean Daniel Bombela, maître de conférences, science politique, Université de Yaoundé II-Soa.

Qu'est-ce qui peut justifier l'implication de plus en plus accrue de la société civile, auprès des pouvoirs publics, dans la recherche de la restauration de la paix dans les 'régions en crise en particulier, et dans le pays en général ?
Dans une société fortement clivée politiquement comme la nôtre, la société civile apparait comme un havre d’impartialité. D’abord, elle se présente, à travers ses organisations, comme une composante sociale de la revendication et de l’accompagnement porteuse des aspirations véritables des populations. Dans le cas des crises multiples et multiformes dont fait face le Cameroun, leur implication peut se justifier par cette représentation d’impartialité qu’elle construit. En se donnant à connaître comme apolitique, la société civile tend à se situer au-dessus des clivages politiques. En plus, ces organisations ont généralement une présence de proximité auprès des couches sociales vulnérables. Marqué par le souvenir de leurs actions d’accompagnement, leur discours, peut être plus audible pour les populations dans ce contexte, que celui des acteurs étatiques usant et parfois abusant de leurs prérogatives de puissance publique. Leur implication peut enfin se justifier par le fait que le militantisme social des organisations de la société civile est une ressource pour les pouvoirs publics. En effet, elles viennent en appui à l’Etat dans les situations où ses figures représentatives sont contestées ou boudées. Dans ce sens, leur implication accrue peut se justifier par la volonté même de l’Etat, « mendiant de la paix », de recourir à toutes les ressources disponibles pour atteindre ses objectifs de restauration de la paix.

S'agit-il d'initiatives menées de bonne foi ou plutôt des opportunités de propagande et de visibilité pour les organisateurs ?
Ces initiatives peuvent être menées de bonne foi. Il y a bien des entrepreneurs de cause qui s’investissent par conviction dans certaines luttes sociales. Leurs combats sont souvent des engagements, des raisons de vie ou encore des éléments qui donnent un sens à leur vie. Par la force des choses, les organisateurs comme les têtes de proue de la société civile sont souvent mis en visibilité. Cette mise en visibilité peut être voulue ou subie. Voulue dans la mesure où les combats que mènent ces entrepreneurs de cause ou de lutte ont souvent besoin de médiatisation pour opérer ou forcer des bifurcations sociales auprès des décideurs comme auprès des bénéficiaires. Cette mise en visibilité travaille aussi à imposer à l’agenda public une conversation, une discussion collective autour d’une question d’intérêt général. Elle peut enfin être voulue dans la mesure où certains acteurs de la société civile ont aussi leurs agendas propres (et même caché) et le détour par cette sphère leur confère une aura et une audience réutilisables dans d’autres champs. C’est à ce niveau que ces initiatives peuvent apparaître comme des opportunités de propagande et de visibilité pour ces acteurs.  To...

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