« Il faut un écosystème favorable à la restitution »

Pr. Hugues Heumen Tchana, directeur du Musée national, coordonnateur du secrétariat technique du Comité interministériel.

Monsieur le directeur, tout au long de ces assises, il s'est posé régulièrement la question de la conservation des artéfacts, une fois la restitution effective. Comment le Cameroun compte-t-il s'y prendre ?
Cette question n'est pas spécifique au Cameroun. Chaque fois que les Africains vont en Europe discuter de la restitution, la première préoccupation qu'on leur soumet c'est : êtes-vous capables de conserver les objets ? Nous partons d'un principe : au moment où ces pièces quittaient le Cameroun ou l'Afrique, elles étaient en très bon état de conservation. En les installant dans les musées en Europe, on a plutôt créé un microclimat qui détériore très vite l'objet. Cela a marqué une forme de négation des savoir-faire locaux en matière de conservation. Il faut dire que de nos jours, dans plusieurs pays africains, l'on doit tenir compte des savoir-faire locaux parce qu'ils sont porteurs de plusieurs connaissances endogènes. Il s'agit donc de voir comment procéder pour tirer profit de ces savoirs dans la conservation des collections. Pour ce qui est précisément de la gestion de cette question de conservation, plusieurs musées au Cameroun sont en train de travailler sur les plateaux techniques. Au moment où je vous parle, le personnel du Musée national est en train de travailler sur la conservation et même la restauration des pièces. Il faudra donc simplement qu'en plus, ils soient imprégnés des méthodes de conservation endogènes et classiques des artéfacts. Il est nécessaire d'établir le lien entre les deux. Et là, les musées sont en train de se mettre à niveau.

En visitant les musées, nous avons observé que dans leurs méthodes de conservation, les Allemands utilisaient beaucoup de produits chimiques qui peuvent s'avérer nocifs pour l'humain. Quelles dispositions sont prises pour qu'on n'ait pas des accidents, une fois les artéfacts de retour au Cameroun ?
C’est l’une des raisons pour lesquelles nous réitérons que la restitution ne doit pas se limiter au seul rapatriement des objets physiques il faut un écosystème favorable à la restitution. Cela veut dire qu'en faisant le travail d'identification, il faudrait que les musées allemands nous disent exactement quels sont les produits chimiques qui ont été utilisés pour conserver les pièces,  sinon ça devient des usines à gaz, des objets nocifs pour les utilisateurs et les usagers des lieux où ils seront conservés chez nous. Il faut savoir qu'en plus il y a aussi des restes humains qui sont conservés à l'intérieur des musées allemands. En Afrique on ne conserve pas les restes humains. C'est pour cela que certains peuples à l'instar des Mabi réclament encore aujourd’hui les têtes des leurs : ils ne considèrent la mort de quelqu'un que lorsqu'ils ...

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