« L’Union africaine doit prendre ses responsabilités »

Pr Joseph-Vincent Ntuda Ebodé, internationaliste, géostratégie.

Professeur, les négociations pour mettre fin à la guerre des généraux n’avancent pas au Soudan... Depuis bientôt un an, les deux officiers supérieurs rendent la vie infernale dans le pays. Jusqu’à quand cela va-t-il durer ?
Les divergences politiques entre les deux officiers supérieurs au Soudan bloquent le processus vers la transition civile du pouvoir. Conformément à l'accord-cadre signé le 5 décembre 2022, les différentes parties devaient parapher une déclaration politique le 1er avril 2023, suivi d'une constitution de transition le 6 avril, et d'un gouvernement le 11 avril. Mais rien ne s'est produit comme prévu, en raison des réticences sur les modalités de l'intégration des Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) dans l'armée régulière. Les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo avaient, selon des sources locales, accepté leur réintégration dans l'armée soudanaise sous certaines conditions. Ils avaient exigé que les éléments islamistes soient retirés des effectifs, que les officiers reçoivent en amont une formation avant leur intégration et que le commandement conjoint soit présidé par le chef civil de la transition et non par le commandant en chef de l'armée. Ces conditions ayant été balayées du revers de la main par l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, pour qui, les réformes de l'appareil sécuritaire devraient prendre au minimum deux ans Depuis lors, les deux camps se regardent en chien de faïence, ce qui exacerbe les tensions et impacte sur les conditions de vie des populations au quotidien. 
La sortie de ce blocage ne peut s'obtenir sans une médiation active de la communauté internationale.  Car la division des forces soudanaises en deux fractions signifie aussi que l'Etat soudanais, détenteur du monopole de la violence physique et morale légitime, a perdu cette capacité et donc n'est plus ni en situation, ni en mesure de s’autoréguler. 
La conséquence de cette incapacité structurelle est l'accroissement de la vulnérabilité de la population La solution immédiate devient l'intervention de l'ONU qui peut, en vertu du chapitre 8 de sa charte, confier la résolution de la question à l'Union Africaine. Malheureusement, dans la configuration du monde actuelle dominée par les crises en Ukraine et aux Moyen Orient, rien n'est moins sûr...Il reste donc à l’Afrique de prendre ses responsabilités pour se poser comme médiatrice entre les deux camps et mettre fin aux souffrances des populations...

La communauté internationale joue-t-elle franc jeu dans la perspective de ramener la paix dans ce pays ? 
L’ONU déploie des efforts pour mettre un terme à ce conflit et protège les populations, aussi bien au Soudan que dans les pays limitrophes qui accueillent les réfugiés. Ainsi, si on se limite au seul mois de janvier de l’année 2024, on peut relever que la Mission d’établissement des faits de l’ONU sur le Soudan a commencé ses travaux. En fait, comme son président, Mohamed Chande Othman, l'a indiqué récemment, des enquêtes sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire étaient désormais en cours. Par ailleurs, la directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts de financement et à ne pas abandonner les millions de civils qui subissent de plein fouet le conflit qui sévit au Soudan. Et de son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, a app...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie